L’issue du vote était sans surprise. Les autorités prorusses (favorables à la Russie) de quatre régions ukrainiennes ont revendiqué la victoire du « oui » en faveur d’un rattachement de ces régions à la Russie lors des « référendums » d’annexion organisés par Moscou. Les résultats sont critiqués par l’Ukraine et l’Union européenne, qui dénoncent des scrutins « illégaux » aux résultats « manipulés ». On t’explique.

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C’est quoi, un référendum ?

Un référendum est une question posée au peuple, à laquelle il doit répondre par oui ou par non. Pour répondre à cette question, un vote est organisé, un peu comme lors d’élections politiques. Par exemple, un référendum avait été organisé en 2016 au Royaume-Uni afin de demander au peuple s’il souhaitait quitter l’Union européenne. Les Britanniques avaient voté à près de 52% en faveur d’une sortie de l’UE. C’est ce qu’on a appelé le « Brexit ».

4 régions concernées

Pendant cinq jours, du 23 au 27 septembre, des « référendums » ont donc été organisés dans quatre régions d’Ukraine, à l’initiative de la Russie. Une question toute simple a été posée à la population locale: souhaitez-vous être annexés à la Russie ? En d’autres termes, la population a été invitée à se prononcer sur son souhait – ou non – d’être séparée de l’Ukraine, dont elle fait actuellement partie, pour être rattachée à la Russie.

Zaporijjia, Kherson, Lougansk et Donetsk, situées à l’extrême est de l’Ukraine, à la frontière russe, sont les quatre régions concernées par ces référendums. Des régions convoitées par la Russie depuis que celle-ci a annexé la Crimée (région ukrainienne revendiquée par la Russie comme faisant partie du territoire russe, bien que cela soit contesté sur le plan international) en 2014.

Lougansk et Donetsk forment le territoire du Donbass. Il s’agit d’une région industrielle majoritairement russophone (qui parle russe) et russophile (en faveur de la Russie). Le Donbass est en partie contrôlé par des séparatistes prorusses qui se sont soulevés contre l’Ukraine en 2014. Les deux régions se sont d’ailleurs autoproclamées « républiques populaires », même si elles font toujours officiellement partie de l’Ukraine. Depuis lors, les dirigeants prorusses de ces régions « jouent sur le sentiment de proximité de la population avec la Russie ». La Russie veut profiter de la présence des autorités prorusses dans le Donbass pour rattacher cette région au pays. Il faut toutefois noter que si le Donbass est majoritairement prorusse, l’ensemble de la population n’est toutefois pas en faveur d’un rattachement à la Russie.

Zaporijjia et Kherson sont, quant à elles, deux régions ukrainiennes actuellement occupées par l’armée russe, dans le cadre de la guerre en Ukraine. Il s’agit de deux régions importantes pour la Russie. Zaporijjia comprend la plus grande centrale nucléaire d’Europe. L’occupation de Kherson permet aux Russes de priver l’Ukraine de son accès à la Mer Noire.

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Une « victoire » contestée

Dans la soirée du 27 septembre, les autorités prorusses de Zaporijjia, Kherson, Lougansk et Donetsk ont revendiqué un large « oui » de la population en faveur d’une annexion à la Russie. Selon les résultats communiqués, les électeurs étaient 93% à avoir dit « oui » à Zaporijjia, 87% à Kherson, 98% à Lougansk et 99% à Donetsk. Une victoire plus qu’écrasante ! « Bienvenue à la maison, en Russie !« , a d’ailleurs rapidement réagi sur Telegram l’ancien président russe Dmitri Medvedev.

Sauf qu’il y a un mais ! La tenue de ces « référendums » n’a semble-t-il pas respecter la transparence, la liberté et le principe démocratique d’un vote. Dans les quatre régions, l’armée russe a totalement contrôlé la tenue des référendums. Des soldats ont notamment fait du porte-à-porte, arme à la main, pour recueillir les voies des habitants. Il y a également eu des votes oraux, sans aucune trace écrite. Tu l’auras compris, le peuple n’a pas pu s’exprimer librement lors de ces « référendums ».

La manière dont les vont ont été réalisés a été vivement critiquée par l’Ukraine et la communauté internationale. L’Union européenne a même qualifié ces « référendums » de scrutins « illégaux » aux résultats « manipulés ».

Un tournant dans la guerre en Ukraine

Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, est resté ferme face aux résultats. « Aucune action criminelle de la Russie ne changera rien pour l’Ukraine ». « Nous agirons pour protéger notre peuple: à la fois dans la région de Kherson, dans celle de Zaporijjia, dans le Donbass (et aussi) dans les zones actuellement occupées de la région de Kharkiv et en Crimée », a-t-il poursuivi.

Ces référendums d’annexion font entrer le conflit opposant l’Ukraine et la Russie dans un nouveau tournant. Le président russe Vladimir Poutine a évoqué la possibilité de frappes nucléaires si les territoires nouvellement considérés comme russes par Moscou sont attaqués. De son côté, la communauté internationale a promis de réagir si la Russie bombardait l’Ukraine depuis les régions « annexées ».