Ce 28 mars, le JDE français paraît pour la dernière fois. C’est ce journal, publié depuis 1984, qui avait donné l’idée de créer un hebdomadaire d’actualité pour enfants en Belgique, en 1992. Le JDE français est un peu notre grand frère ! Sa disparition est un choc… qui s’ajoute à une autre mauvaise nouvelle dans le paysage de la presse pour la jeunesse, mais en Belgique.
En effet, il y a quelques semaines, on a appris que les revues Bonjour, Dauphin et Tremplin ne sortiront plus à partir de l’année scolaire prochaine. Que se passe-t-il donc ?

Les coûts grimpent

Fabriquer un journal ou une revue coûte cher. Il faut du matériel : des bureaux et des chaises, des ordinateurs et des programmes informatiques, des téléphones, du papier, des voitures, des rotatives (machines pour imprimer)… On a bien sûr besoin d’un bâtiment chauffé, d’électricité…
Il faut aussi de nombreuses personnes : journalistes, infographistes, responsables des abonnements, de la promotion, de la comptabilité, des publicités…
Quand on fait un journal d’actualité, on s’abonne aussi à des agences de presse qui fournissent des informations, des photos… On doit faire livrer les journaux aux familles et aux écoles. Tous ces services sont payants, évidemment.
Ces dernières années, les coûts de fabrication des journaux ont beaucoup augmenté. Il faudrait donc récolter plus d’argent. Or, les abonnés sont de moins en moins nombreux.

Moins d’abonnés

Le nombre d’abonnés baisse dans tous les médias pour enfants. Entre 2019 et 2024, les éditions Averbode ont perdu 80 % de leurs abonnés pour Bonjour, Dauphin et Tremplin. Ton JDE, lui, est passé de 20  000 abonnés en 2016 à environ 13  000 actuellement.
Les groupes de presse cherchent des solutions. Certains proposent des informations sur Internet, sur les réseaux sociaux. Les journalistes créent des vidéos en plus des articles imprimés sur papier. Mais cela demande du temps, ça coûte de l’argent sans générer de revenus, et les lecteurs ne reviennent pas… Pour les éditions Averbode comme pour le JDE français, la situation n’était plus tenable.
Ton JDE n’est pas en déficit (il ne perd pas d’argent), mais la disparition d’autres médias pour enfants fait planer un peu d’inquiétude. Comment assurer notre avenir ?

Pourquoi moins d’abonnés ?

ÉdA/ M. Golinvaux

Les adultes lisent de moins en moins de journaux ou de magazines. Ils se désintéressent de l’information ou se contentent de ce qu’ils lisent ou voient sur les réseaux sociaux ou sur Internet. Abonner leurs enfants à un journal semble moins évident pour les parents, donc.
La société propose de plus en plus d’activités, de sources de distraction ou d’apprentissage. Il faut choisir entre lire un journal et faire d’autres choses, que ce soit en termes de temps ou d’argent.
Enfin, les écoles prennent moins d’abonnements pour leurs élèves. Il arrive qu’il n’y ait qu’un journal par classe. Les écoles font ce choix par manque de moyens et pour respecter la règle de « l’enseignement gratuit ». Elles osent moins demander aux parents de participer au paiement d’un abonnement au JDE. La gratuité de l’enseignement, prévue pour ne pas mettre des familles en difficulté, a un effet pervers : s’ils ne peuvent plus profiter d’un abonnement scolaire, les enfants qui veulent lire le JDE doivent prendre un abonnement personnel, qui est plus cher  ! Cela favorise donc les familles les plus aisées…
Le JDE est désormais le seul média imprimé belge pour enfants. Pour remplir ses missions, il a besoin d’abonnés. Une information libre et de qualité ne peut être gratuite. Elle a de la valeur.

Quel est le rôle des journalistes ?

Les journalistes ont pour mission d’informer. Ils cherchent des informations, parfois cachées, pour les expliquer et les faire connaître. Ils les vérifient avant de les diffuser.

Les journalistes ont un rôle de sentinelle dans une démocratie. Ils veillent, alertent, dénoncent ce qui ne va pas. Ils informent la population pour qu’elle sache, qu’elle comprenne le monde et son fonctionnement, et qu’elle puisse agir, décider, voter en connaissance de cause.

Une règle de base des journalistes, c’est de « recouper » l’information, de vérifier au maximum si elle est correcte, de retourner à sa source (son origine). Les journalistes doivent respecter ce qu’on appelle un « code de déontologie » (des règles de travail honnête) qui garantit qu’ils vont essayer d’être les plus objectifs possible (sans prendre position), sans inventer, transformer, manipuler une info pour tromper le lecteur, l’auditeur, le téléspectateur…

Bien entendu, les journalistes ne sont pas à l’abri d’une erreur.  Mais ils essaient de travailler le plus honnêtement possible. Et en cas d’erreur, ils doivent parfois se justifier, faire savoir qu’ils se sont trompés et corriger l’info. Ils peuvent même, parfois, être appelés à s’expliquer devant un conseil de déontologie ou un tribunal.

Évidemment, pour pouvoir travailler correctement, il faut que les journalistes aient du temps, des moyens, et qu’ils soient libres. Dans de nombreux pays, les journalistes sont menacés, mis sous pression. Pour eux, informer est un défi et une prise de risques.

Et les réseaux ?

Sur les réseaux sociaux et Internet, on trouve de tout. Certaines informations sont vraies, justes. D’autres sont inventées, transformées, mal comprises, pas vérifiées… Et comme la technologie permet de diffuser et partager sans attendre à un très grand nombre de personnes, les fake news (fausses informations) se propagent très vite. Qui peut les vérifier et faire connaître la vérité ? Ce sont souvent les journalistes  !

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