Aux quatre coins de Bruxelles, une quinzaine de couples de faucons pèlerins se relaient pour couver en attendant la naissance de leurs petits. Depuis le 7 avril, il est possible de les observer grâce aux caméras installées dans des nichoirs. On peut les voir sur les tours de trois bâtiments de la capitale: la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule, l’église Saint-Job à Uccle et sur une tour de l’Université libre de Bruxelles. Ce système d’observation est mis en place dans le cadre de l’action « Faucons pour tous ».

Aujourd’hui, il y a plus de 200 faucons pèlerins en Belgique. On peut en observer plusieurs à Bruxelles. Mais savais-tu que les faucons pèlerins avaient disparu de Belgique et d’une partie de l’Europe dans les années 80 ? Nous avons rencontré Didier Vangeluwe, ornithologue au Musée des Sciences Naturelles de Bruxelles. Voici son interview.

Un faucon pèlerin qui couve ses œufs dans un nichoir perché sur l’église Saint Job à Uccle. – Faucons pour tous

Pourquoi les faucons pèlerins ont disparu?

Les faucons pèlerins ont disparu pour deux raisons. La raison principale, c’est qu’ils ont été empoisonnés par des pesticides (produits chimiques utilisés en agriculture), les TTC. Jusque dans les années 70, les TTC étaient largement utilisés en Europe et ils ont empoisonné toute la chaîne alimentaire. Ils ont comme particularité de persister (de rester) dans l’environnement. Les animaux qui se situent en haut de la chaîne alimentaire consommaient malgré eux des doses qui devenaient petit à petit mortelles. Par exemple, une limace consomme des pesticides, la limace est mangée par un merle, le pesticide se retrouve dans le corps du merle. Le merle est mangé par le faucon pèlerin qui se retrouve avec des doses de pesticides dans le corps.

À  cause des pesticides, les femelles pondaient des œufs avec des coquilles fragiles. Quand elles les couvaient, elles les cassaient souvent. Donc, avec les adultes qui mourraient et avec un problème de natalité (les naissances), les faucons pèlerins ont presque complètement disparu en Belgique et en Europe.

L’autre raison, c’est que les gens considéraient que les Faucons pèlerins étaient des méchants prédateurs, qu’ils allaient manger leurs poules.

Comment les faucons pèlerins sont-ils revenus ?

Dans les années 80, il restait un faucon pèlerin en Belgique. Il y avait un endroit où l’on pouvait parfois l’apercevoir à Bruges. Durant l’hiver, il y avait parfois un faucon pèlerin qui dormait sur un pylône le long du ring de Bruges. Mais on ne pouvait pas être sûr de le voir à chaque fois. C’était impossible, au milieu des années 80, de se dire « Allez, on va voir tous les deux un faucon pèlerin ». Aujourd’hui, on peut observer 15 couples à Bruxelles.

Les derniers pèlerins qu’on voyait en Europe se trouvaient dans les pays nordiques (Finlande, Suède, Norvège) ou dans les Alpes. Il y avait encore des faucons pèlerins à ces endroits parce qu’il n’y avait pas d’agriculture donc pas de pesticides. Durant l’hiver, les faucons pèlerins devaient migrer parce qu’il faisait trop froid. Ils revenaient donc chez nous pour passer l’hiver. Puis, ils ont pu recréer une nouvelle population parce que pesticides ont été peu à peu interdits par l’Union européenne.

Comment est née l’initiative « Faucons pour tous » ?

Le programme de monitoring scientifique et « Faucons pour tous » sont nés de la nécessité d’avoir une surveillance scientifique et du plaisir de partager une bonne nouvelle: le faucon pèlerin est de retour et on peut facilement l’observer. Quand j’ai découvert les faucons pèlerins en 2004, c’était un spectacle tellement extraordinaire! J’avais envie de partager ça avec tous les publics. Et très important, nous, on ne fait rien ! On est juste observateurs. On a installé des caméras pour jouer les indiscrets. Mais on ne leur donne pas un petit hamburger pour leur petit-déjeuner et trois gouttes de vitamines dans le bec. Tout est naturel.

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Ces caméras nous permettent aussi de faire de la recherche. Il y a des étudiants qui analysent des données. On a des données sur le régime des oiseaux, sur le nombre de jeunes, la mortalité… La semaine passée, le couple de la cathédrale a capturé 66 espèces d’oiseaux. Vous imaginez?

Pour observer les faucons, c’est ici.