L’attaquant du Real Madrid, Vinicius Junior et Romelu Lukaku, le meilleur buteur de l’histoire des Diables rouges… deux joueurs d’exception victimes tous les deux du racisme. Des exemples dans les grands équipes, il y en a. Mais cela ne s’arrête pas là.

Dans le monde du foot, un joueur sur trois se dit victime de discrimination. La discrimination ? C’est le fait d’isoler, de traiter différemment des personnes en raison de leur origine, de leur sexe,…

Il y a davantage de signalements d’incidents qu’autrefois. Il y en avait 237 en 2021 et 590 en 2022. Et plus de 8 fois sur 10, ce sont des signalements pour racisme, les autres sont principalement liés à l’homophobie et au sexisme.

Une nouvelle campagne de sensibilisation (avec cette vidéo qui veut marquer les esprits) a été lancée pour dénoncer le racisme et la discrimination dans le football belge. 


« Cette campagne a été réalisée sur base de témoignages que nous avons pu recevoir, explique Samia Ahrouch de l’URBSFA (Fédération belge de football). Elle veut montrer clairement aux gens ce qui est dit et quel impact (effet) cela provoque. Peut-être que ces personnes pensent qu’il ne s’agit que de mots et qu’elles n’ont rien dit de grave ou de mal. Mais en réalité, cela marque les gens, parfois même à vie. »


Pourquoi faire une vidéo qui parle de racisme, en montrant un enfant ?

« Il y a beaucoup de choses qui se passent envers des mineurs (enfants de moins de 18 ans). Il y a deux ans, nous avons fait une étude avec la KULeuven où il est clairement ressorti qu’un jeune/enfant sur trois est victime de discrimination. C’est pour cela que nous avons utilisé l’image d’un enfant. Pour dire: regardez ce que vous faites aux enfants. On veut aussi encourager les gens, qui en sont témoins, à réagir. Ils peuvent dire à la personne qu’elle n’a pas le droit de parler ainsi ou s’ils n’osent pas le lui dire en face, prendre le temps de le signaler. »

Globalement que fait la fédération de foot pour lutter contre le racisme et la discrimination ?

« Le projet Come Together existe depuis deux ans. Cela fait donc deux ans que l’on fait le focus sur cette lutte. J’ai été engagée pour coordonner ce plan. La discrimination a toujours existé. Le foot étant un reflet de la société, on y retrouve aussi de la discrimination. Nous savons qu’en tant que la plus grande fédération sportive de Belgique, nous pouvons faire quelque chose. Le foot peut être un levier pour lutter contre les discriminations. On est convaincu qu’on peut amener des changements, faire bouger des choses. Mais nous ne pourrons jamais le faire seuls. Et si des enfants sont victimes de discriminations, ils peuvent nous le signaler. Dans les clubs, progressivement, il va y avoir une personne chargée d’écouter ce qui se passe et nous le signaler si les faits sont graves. En Flandre, cette personne de référence est obligatoire. En Wallonie et à Bruxelles, ça se met en place mais ce n’est pas encore le cas partout. »

Au Ros (club d’Ottignies), un tournoi no racisme est organisé chaque année

« Chaque année, on organise un tournoi no racisme au Ros, explique Moha Ben El Mostapha, le responsable du club de foot d’Ottignies Louvain-la-Neuve. C’était aussi le cas en avril dernier. Or, peu avant, le Diable Rouge Lukaku avait été la cible d’insultes racistes au moment de tirer son penalty, en Coupe d’Italie, face à la Juventus. Lors du tournoi, dans le club, les enfants ont été positionnés sur le terrain, comme les pros, face au public, avec l’arbitre au milieu, et ils ont fait le geste de Lukaku. Quand on demandait aux enfants de le faire, ils comprenaient directement ce geste et son sens. »

Le racisme vu par les enfants : « c’est inutile et ce n’est pas que la couleur de la peau »

Dans ce club de foot d’Ottignies Louvain-la-Neuve, les enfants expliquent que le racisme n’existe pas. Mais ils le connaissent.

« Le racisme, c’est anti fair-play. Pour la personne visée, c’est dur. C’est en jouant au foot que j’ai découvert le racisme, explique Yannis, un joueur du Ros. On parle du racisme au foot à la télé. Au début, en venant au foot, j’avais donc peur que l’on soit méchant aussi envers ma couleur de peau. Mais le racisme, ce n’est pas que la question de la couleur de peau, il y a des gens qui ont des taches blanches sur la peau. Certains disent: il est bizarre, on ne veut pas l’avoir dans notre équipe et on s’écarte de lui. »

Mamadou, un autre joueur explique: « Pourquoi insulter un joueur à cause de sa couleur de peau ? Cela n’a rien à voir avec le foot. N’importe qui a le droit de jouer à ce sport. Le racisme, ça ne sert à rien. Pourquoi se focaliser sur un détail qui est la couleur de peau ? Il y a plein d’autres choses à regarder dans le foot. C’est un sport passionnant. »

Sidonie est aussi une joueuse, réagit. « Le racisme, ce n’est pas que la couleur de peau. Je suis allée voir le PSG et Messie venait d’aller en Arabie saoudite pour un contrat. Et comme il est parti, il y avait des gens qui disaient que cet Argentin devait retourner dans son pays ! Ils disaient aussi : retourne chez toi, la chèvre. »

« Parfois, on voit que les joueurs se parlent, lors d’un grand match. Et puis, celui qui a reçu l’insulte baisse la tête », explique Arthur.

Davy, Adrien, Jean,… soulignent aussi que cela pourrit le jeu dans les grands matchs. « Et cela blesse! Jusqu’à maintenant, les joueurs ne réagissent pas beaucoup, mais cela pourrait changer. »