Le scandale de l’« Irangate » secoue actuellement le gouvernement belge, et plus particulièrement la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib. De quoi s’agit-il et pourquoi la ministre est-elle mise en cause dans cette histoire ? On t’explique !

Le problème iranien

Ce scandale renvoie à la délivrance de visas (autorisation d’entrée sur un territoire) à une délégation (groupe de représentants) iranienne pour assister à un événement organisé le 12 juin à Bruxelles qui rassemblait 2 000 personnes issues de 600 villes du monde entier pour discuter urbanisme (aménagement des villes) du futur : le Brussels Urban Summit 2023.

Or, l’Iran fait actuellement l’objet de sanctions internationales pour son non-respect des droits humains. De plus, c’est aussi ce pays qui a emprisonné durant 455 jours, sans raisons valables, notre compatriote belge Olivier Vandecasteele, qui venait tout juste d’être libéré

Forcément, cette affaire a suscité énormément de réactions négatives dans la classe politique. Mais aussi au sein de la communauté iranienne présente en Belgique, opposée au régime. 

Jeu politique

Pascal Smet (Vooruit), secrétaire d’État à l’Urbanisme à Bruxelles, qui est à l’origine de l’invitation des représentants iraniens au Brussels Urban Summit 2023, a démissionné suite aux remous causés par cette histoire. Notamment à la demande de certains partis au gouvernement, dont le MR.

Des voix se sont élevées pour que la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR) démissionne également. En effet, c’est elle qui a accordé ces fameux visas dans ce scandale de l’Irangate. Elle a été entendue trois fois déjà au Parlement (là où on fait les lois). Pour s’expliquer sur les raisons qui l’ont poussée à accorder ces visas. Elle a même présenté des excuses et exprimé des regrets sur son manque de clarté.

Après s’être expliquée et excusée, Hadja Lahbib n’a pas réussi à convaincre l’opposition… ni le PS et Ecolo, ses partenaires de gouvernement. Pour eux, il y a trop de contradictions dans ses déclarations, la confiance avec la ministre est rompue…

La NVA et le Vlaams Belang, deux partis dans l’opposition, ont déposé des motions de méfiance à son encontre. La motion de méfiance est un outil qui permet au Parlement de contrôler les décisions du gouvernement quand les députés ne sont pas d’accord avec celui-ci. Comme réclamer la démission d’un membre du gouvernement, et son remplacement.

Au delà des faits reprochés à la ministre, il y a également un jeu politique entre les partis de la coalition. Le MR a demandé la démission de Pascal Smet pour le même problème. Plus tôt dans l’année, il ne s’était pas opposé à la démission de la ministre écologiste Sarah Schlitz, déchue (tombée) pour avoir utilisé un logo personnel dans les communications d’organisations subsidiées (financées) par l’État. Le MR ne veut pas que sa ministre subisse le même sort que Pascal Smet. PS et Ecolo ne comprennent pas son positionnement…

Mercredi, on apprend finalement que PS et Ecolo se rangeront du côté des autres partis du gouvernement, sans voter de motion de méfiance. Pourquoi ?  Car le vote d’une motion demandant la démission d’Hadja Lahbib suite à une abstention des socialistes et des écologistes déstabiliserait le gouvernement. Et, de cela, PS et Ecolo n’en veulent pas. Il n’est pas question de jouer avec la crédibilité et la stabilité du pays, estiment-ils.

Sauf que, rebondissement ce jeudi matin. Il semblerait que les personnes rentrées en Belgique grâce aux visas octroyés par Hadja Lahbib aient espionnés des personnes qui manifestaient à Bruxelles contre le régime iranien. Le pouvoir iranien s’en serait ensuite pris aux familles des manifestants présentes en Iran. Le PS explique ne pas pouvoir accepter ces faits si ceux-ci s’avèrent être vrais et demande à ce que la ministre fasse d’elle-même un pas de côté du gouvernement.

Jeudi soir, le vote sur le sort de la ministre a eu lieu au Parlement. Hadja Lahbib ne devra finalement pas démissionner. Les partis de la majorité ont adopté une motion pure et simple, celle-ci clôture les motions de méfiance déposées par la N-VA et par le Vlaams Belang définitivement. D’un point de vue politique, l’incident est « clos ».

Malgré ce vote, PS et Ecolo sont toujours en désaccord avec la ministre et souhaitent toujours qu’elle démissionne d’elle-même. Pour marquer l’absence de soutien à la ministre, un membre du PS et un membre d’Ecolo s’est abstenu de voter.