Construire deux vélos électriques solaires autonomes, c’est le défi du projet Photon. Un défi réussi notamment par une quinzaine de jeunes à Tournai. Et c’est dans l’atelier Biciklo de la maison de jeunes Masure 14 que les engins ont pris forme.

L’idée a été lancée par Philippe Baraduc, de l’asbl Spoutnik 45. « Les suntrip, ça existe depuis plusieurs années. Ce sont des longs voyages réalisés en vélos solaires. Souvent ce sont des vélos couchés. C’est aussi un modèle couché que l’on a décidé de monter pour le projet Photon. »

Photon, ça signifie quoi ?

« Le photon, c’est la particule élémentaire de la lumière. Dès qu’il y a de la lumière, on est bombardé de photons. Les panneaux solaires utilisent des photons pour produire de l’énergie électrique. Mais comment est-ce possible ? C’est cela qui est intéressant. »

Clovis et Ernesto l’expliquent :

« On se sert du silicium, c’est un métal que l’on trouve dans les pierres, explique Philippe Baraduc. Pour l’extraire, on met ces pierres dans un four et l’on fait monter la température à 1500 °C. Le point de fusion du silicium, c’est-à-dire la température à laquelle une substance passe de l’état solide à l’état liquide, c’est 1400°C. Le silicium se liquéfie. On en fait des lingots et puis on les coupe en tranches que l’on retrouve dans les panneaux solaires. Mais si l’on n’a que du silicium, cela ne suffit pas à faire réagir les photons. Il faut en plus qu’il y ait du phosphore et du bore. »  

Monter un vélo électrique solaire autonome, c’est assembler plus de 1000 pièces !

Les deux vélos auront des remorques. Le montage est déjà en soit un sacré défi qui demande un travail collectif, de la précision et du soin. Au programme: mécanique vélo, énergie solaire, soudure et électricité. EDA/M.-A.C.

« On a reçu mettre toutes les pièces ensemble, expliquent Louis et Ernesto. Pour s’y retrouver, on n’avait pas de plan général mais on avait déjà un premier vélo électrique qui était quasi monté donc on avait un modèle et puis l’aide de plusieurs experts en soudure, en mécanique vélo, en codage… ».

Monter, souder et coder pour assembler ces vélos électriques autonomes

Les enfants ont aussi appris que les panneaux solaires produisent de l’énergie dont 32% sert comme électricité. « Le reste, c’est de la chaleur qui part. Cela veut dire que le rendement du panneau est de 32%. C’est pour cela que l’on a mis un booster. Souder, on devait le faire pour accrocher panneaux solaires au-dessus des vélos, mais on a aussi dû faire du codage pour les panneaux, la batterie et le booster. On a appris à faire du codage avec le langage C++. »

Mais à quoi sert un booster ? Louis l’explique en trente secondes.

Alors le solaire, est-ce la solution ?

« Les gens pensent qu’un vélo électrique, c’est un vélo avec lequel on ne pédale quasi pas, explique Ernesto. Ils pensent que c’est comme les trottinettes. Le vrai nom, c’est un vélo à assistance électrique. J’adorerais avoir un vélo électrique solaire autonome mais c’est un équipement encore très coûteux, environ 12 000 euros. Ces deux vélos vont nous servir à aller dans des écoles pour sensibiliser des gens de notre âge. Avant cela, nous n’avions aucune idée du fonctionnement d’un panneau solaire. Maintenant, on a compris »

Alors le solaire, est-ce la solution ? « Oui, on économise de l’électricité mais on réchauffe aussi la planète puisque les panneaux rejettent de la chaleur. Ce serait bien de faire des recherches pour que les photons ne soient pas rejetés. »

Mais alors quelle est la bonne énergie ?

Les enfants comprennent que chaque énergie utilise à ses effets sur la planète. Comment s’en sortir alors ?

« Il faut des gens qui s’y connaissent. Il n’y a pas une personne qui va dire: moi, je connais l’électronique, la mécanique et la soudure. Il y a des gens qui sont experts et il faut se mettre ensemble pour trouver les meilleures solutions. On a besoin d’être plusieurs pour suivre des logiques différentes. Aucun d’entre nous n’aurait monter les vélos de cette façon, en le faisant seul. Ensemble, on est arrivé à ce résultat. C’est pareil pour faire naître les solutions d’avenir. »

Ils ajoutent aussi ne pas avoir d’autre solution actuellement que de calculer ce qui pollue le plus et ce qui pollue le moins… Mais un jour qui sait ?

Envie de rencontrer ces jeunes et leurs vélos solaires ? Rendez-vous les 25 et 26 mars, à l’occasion du Printemps des Sciences, au Sparkoh !