Dans la classe de 5e année, les élèves nous expliquent la situation. « Madame Divine travaille dans notre école, elle sert les repas et assure l’accueil le matin. Avant cela, elle vivait au Congo. Mais sa vie était en danger là-bas. C’est pour cela qu’elle est venue en Belgique. Ici, à l’école, elle était bien. Mais fin janvier, elle a été arrêtée. Des policiers sont venus la chercher et l’ont emmenée dans un centre fermé. »

Pourquoi en centre fermé?

Pour comprendre ce qui se passe, il faut connaître la procédure de demande d’asile.

Quand Divine N’Sunda est arrivée en Belgique, elle a demandé protection à notre pays. Elle a dû se présenter, dire d’où elle venait et pourquoi elle voulait vivre ici. Un dossier de demande de protection internationale a alors été ouvert. L’administration (des gens qui travaillent pour l’État belge) a cherché des informations et vérifié ce que Divine N’Sunda avait expliqué. Au terme de beaucoup de démarches, une décision a été rendue : un refus. Divine N’Sunda a demandé que l’on réexamine sa demande mais elle a reçu un second refus et un ordre de quitter le territoire. C’est pour cela que la police est venue la chercher pour la conduire dans un centre fermé.

Sur cette photo, on voit Divine N’Sunda avec les enfants de maternelle. Fin janvier, elle a été arrêtée. Le 5 mars, une marche de soutien a réuni presque 1 000 personnes à Gentinnes.

« Pour Divine, c’est ici chez elle »

Le directeur de l’école, Dimitri Crickillon, ainsi que des parents, des professeurs, des amis, vont la voir au centre. « Pour Divine, c’est une aide pour tenir le coup moralement. Elle est profondément chrétienne. Donc, elle prie. Et puis, elle a confiance en nous. Cela fait plus de 40 jours qu’elle est détenue. Ce qui est dur, c’est qu’on lui a déjà annoncé deux fois qu’un avion allait la reconduire à Kinshasa. Elle avait le droit de refuser le premier vol. Elle l’a fait. Mais on lui a annoncé un second vol. Divine était paniquée, elle a appelé tout le monde. C’est un stress permanent. Finalement, ce second vol a été annulé. Ce centre d’Holsbeek (Brabant flamand) ressemble à une prison. La famille de Divine, c’est l’école. C’est ici que depuis 12 ans, elle reconstruit sa vie. Elle a un contrat de travail CDI (à durée indéterminée). Et, quand on demande pourquoi sa demande est refusée, on nous dit que son dossier n’est pas en ordre. Mais on n’en sait pas davantage. »

Les enfants s’interrogent. « Elle n’a plus de contact avec sa famille au Congo. Que va-t-elle faire ? Ça se passe comment, un retour forcé ? Devra-t-elle monter dans l’avion ? Pourquoi on fait ça ? L’école a lancé une pétition, on a déjà presque 9 000 signatures. On lui a envoyé nos mots de courage. On espère qu’elle reviendra bientôt. Nous, on n’est pas d’accord avec ça. Et il n’y a pas que Madame Divine. Il y a d’autres personnes qui ont ce problème et qui, si elles ne connaissent personne, ne peuvent pas être aidées. »