On a l’impression qu’il y a beaucoup de guêpes et de mouches cet été. Est-ce exact ?

On remarque effectivement une augmentation de certaines espèces, principalement à cause du réchauffement climatique. Le développement de l’insecte est directement lié à la température. Plus il fait chaud, plus il va se développer rapidement, jusqu’à une température seuil maximale, bien sûr. Cela implique qu’il va se reproduire plus rapidement, et accomplir plus de cycles par an. Les populations vont donc augmenter. 

Comment peut-on savoir s’il y en a plus ou moins en ce moment ? Quelqu’un compte les guêpes, les mouches, les moustiques ?

Les recensements (calculs des populations) se font par comptages. Des pièges, dépendant de l’espèce ciblée, sont placés à des endroits stratégiques, et les individus récoltés sont comptés. Ce sont des scientifiques qui s’en chargent. Mais pas uniquement: la population peut également être mise à contribution. Natagora (une association de protection de la nature) organise chaque année un recensement des populations de papillons. Les données sont bien sûr moins fiables, mais l’avantage est d’avoir un grand nombre de participants couvrant un large territoire. 

S’il y a plus d’insectes cette année, c’est une bonne nouvelle ? Cela signifie que l’environnement va mieux ?

Pas forcément. L’environnement ne va pas mieux. Les espèces en augmentation représentent une petite partie du nombre d’espèces total. La majorité sont en régression (diminution). Avec l’augmentation de certaines, des déséquilibres au sein des chaînes alimentaires peuvent également se produire.

De plus, le réchauffement climatique implique une remontée d’espèces du Sud, potentiellement porteuses de maladies comme le moustique tigre, ou pouvant menacer des espèces de chez nous, comme le frelon asiatique. Le réchauffement climatique provoque aussi la disparition de certains habitats, particulièrement les habitats humides (marécages, mares, tourbières…) et, avec eux, les espèces qui y vivent. 

Ces guêpes, moustiques, mouches… nous ennuient parfois. Quels sont vos conseils pour éviter l’invasion?

Je dirais de ne pas laisser d’eau stagnante à proximité de la maison, car c’est un lieu de ponte pour les moustiques. Pour éviter les drosophiles, mouches, guêpes et fourmis, je conseille de couvrir la nourriture, les fruits et les légumes qui se trouvent hors du frigo et de sortir souvent les ordures ménagères. 

De manière générale, il vaut mieux utiliser des moustiquaires aux portes et aux fenêtres.

Et pour les pièges, préférez ceux qui attirent l’insecte et le piègent, ou les répulsifs naturels, comme la citronnelle. Les insecticides chimiques commercialisés ont une durée d’action assez courte, et leur application doit donc être souvent réitérée. Par ailleurs, ils peuvent provoquer l’apparition de résistances chez les insectes. 

Evidemment, les insectes pollinisent et nous permettent d’avoir des fruits, par exemple. Mais, à part ça, en quoi chacun de ces insectes est-il utile? Qui nourrit qui?

Les mouches servent de nourriture pour les insectes entomophages (qui mangent des insectes), les libellules et les sauterelles… mais aussi les araignées, oiseaux, amphibiens, mammifères insectivores… Les mouches se nourrissent de débris organiques. Elles ont un rôle de décomposeur (elles nettoient la nature, donc).  

Les guêpes sont au menu des petits mammifères insectivores, amphibiens, oiseaux… et mangent des insectes. Elles sont des auxiliaires (aides) des jardins. 

Les moustiques sont mangés par des insectes entomophages comme les libellules et les sauterelles, et les araignées, oiseaux, amphibiens, chauve-souris… La femelle se nourrit de sang, le mâle se nourrit de nectar de fleur. 

Les fourmis sont la nourriture d’insectes entomophages, libellules, sauterelles… et des araignées, oiseaux, amphibiens,… Comme les mouches, les fourmis se nourrissent de débris organiques et ont un rôle de décomposeur. 

Que faire en cas de piqure ? 

Ne pas gratter, et éventuellement appliquer du froid pour calmer la démangeaison.

On peut éventuellement désinfecter. La mouche (certaines mouches piquent) et le moustique piquent pour se nourrir de sang: le risque est plutôt l’infection ou la transmission de certaines maladies (c’est rare dans nos régions). Il vaut mieux surveiller l’état général de la personne.

La guêpe injecte du venin: le danger vient de l’éventuelle allergie à ce venin. Il vaut mieux surveiller la piqure, et son gonflement. 

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En savoir plus: guêpe, abeille, bourdon, frelon

  • La guêpe a une couleur plus vive que l’abeille. Elle porte sur la tête des yeux en forme de haricot. Son abdomen (ventre) à rayures jaunes et noires est nettement séparé du thorax (le haut du corps). Moins velue et moins trapue (petite et large) que l’abeille, elle est plus agressive.
  • L’abeille a un dard velu et courbe, orienté vers les pattes. La fonction principale de l’abeille est de fabriquer du miel.
  • Le bourdon est tout rond, trapu et très velu. Un vrai nounours. C’est le plus docile d’entre ces quatre bébètes. Il a un vol lourd et pique très rarement (lorsqu’il se sent réellement menacé). Il sort plutôt le soir ou en cas de pluie. Il a pour principale fonction de féconder les fleurs.
  • Le frelon est plus imposant que la guêpe (parfois jusqu’à 3,5 cm de long). Il a le thorax brun rouge et l’abdomen en anneaux jaunes et noirs. Sa piqûre est plus dangereuse que celle de la guêpe (il injecte plus de venin).