Nous venons de vivre le mois de juillet le plus sec depuis 1885. Comment expliquer cela ?

On a été en permanence sous l’influence d’un temps anticyclonique, c’est-à-dire avec des hautes pressions (la pression de l’air était très élevée) sur une large partie de l’Europe occidentale. Donc, ça fournit un temps stable, sec, ensoleillé. Et peu d’orages. Seulement 3 jours d’orage sur le mois de juillet, c’est rare.

Que disent les températures? A-t-il fait très chaud ?

On a eu une grosse pulsion d’air très chaud les 18-19 juillet, avec 40 degrés atteints à certains endroits du pays et 38,1 degrés à Uccle (où se trouve le siège de l’IRM). C’est la deuxième fois qu’on atteint le seuil des 40 degrés en Belgique depuis qu’on fait des mesures. Ce qui s’est passé, c’est qu’on avait de l’air très chaud sur le sud de l’Europe et à un moment, on a eu ce qu’on appelle une goutte froide, une dépression d’altitude, au large du Portugal. Cela a favorisé la remontée de l’air chaud qui se trouvait là, et qui provenait d’Afrique du Nord. Et avec l’anticyclone qui se trouvait sur l’Europe centrale, les températures ont pu grimper très haut.

Sinon, et c’est paradoxal, on a eu un mois excédentaire en chaleur, mais pas exceptionnel. Cela s’explique par la première semaine du mois, qui a été relativement fraîche. 19,56 degrés en moyenne, ça nous place à la 11e position des mois de juillet les plus chauds depuis 1833.

Juillet a été très ensoleillé et on a eu peu de vent…

Oui. On est à 276 heures et 34 minutes d’ensoleillement. Ça nous place en 9e position des mois de juillet les plus ensoleillés. Et le vent est resté très faible.

Est-ce que cette situation est liée au changement climatique?

C’est la grande question : ce type de blocage est-il lié au changement climatique ? Il y a plusieurs éléments qui pourraient expliquer ce phénomène. Le jetstream (courant d’altitude qui se trouve au-dessus de l’océan Atlantique) est le moteur des dépressions (il déplace les masses d’air et fait bouger les zones de basse et de haute pression, ce qui cause des changements de temps). Les pôles se réchauffant plus vite que l’équateur, il y a moins de différences entre les deux, donc moins de dynamique pour ce courant. Le jetstream va moins vite chasser les zones de hautes pressions et cela pourrait être une partie de l’explication.

Ça va donc être de plus en plus fréquent ?

A priori, c’est ce qu’on craint. La situation a tendance à s’aggraver. De 1850 à aujourd’hui, on a gagné 2,1 degrés à Bruxelles. Mais on a gagné 1,2 degré depuis une trentaine d’années. Donc, ça s’accélère. Et les prévisions ne sont pas spécialement encourageantes.

Autres indicateurs: il y a 10-15 ans, atteindre les 40 degrés en Belgique, ça nous semblait peu probable. Maintenant, on les a. Le nombre de vagues de chaleur est aussi en augmentation. On a eu 20 vagues de chaleur pendant les 30 dernières années, entre 1992 et 2022, et seulement 25 de 1892 à 1992, donc en 100 ans.

Pouvez-vous nous annoncer de la pluie pour le mois d’août ?

Ce qui s’annonce, c’est la poursuite d’un temps chaud et sec, dans l’ensemble, au moins pour les 10-15 prochains jours.