La Gileppe est un cours d’eau que l’on a barré en 1878 pour emmagasiner l’eau et pouvoir s’en servir à volonté. A l’origine, la demande venait de l’industrie de la laine à Verviers. Celle-ci avait besoin d’eau et la Vesdre, le cours d’eau qui traverse Verviers, n’avait pas un débit constant. L’idée d’un barrage est donc née et la Gileppe était le seul cours d’eau que l’on pouvait barrer avant Verviers.

Le barrage de la Gileppe est impressionnant. C’est une retenue d’eau qui prend la forme d’un lac. Celui-ci fait 2,5 km de long. Ce lac est donc alimenté principalement par la Gileppe. Mais il reçoit aussi l’eau de deux autres petites rivières : le Louba et la Soor.

Nous avons suivi la visite de ce barrage réalisée par des enfants de 6e année de l’école de Polleur.

Vincent Lognay leur montre d’abord les deux tours de prise d’eau qui mesurent chacune 75 m de haut. Elles se trouvent dans le lac à proximité du barrage. Elles permettent un captage d’eau plus pure, à distance des berges. « Pour aller dans le barrage, va-t-on devoir mettre un casque ? » demande un élève. Le guide lui explique qu’il faudra juste mettre un pull car la température y est plus basse qu’en surface.

Chaque tour a 4 niveaux de captation qui permet d’avoir accès à l’eau la plus pure du moment. L’analyse de l’eau s’effectue dans la tour même. Pour éviter la pollution de l’eau, il est interdit de canoter sur le lac. Il n’y a donc aucune activité touristique de ce genre sur les berges du lac. EdA/M.-A. C.

Une vaste réserve d’eau… potable !

Les enfants sont intrigués, ils ignoraient qu’un barrage pouvait être une réserve d’eau potable. Mais d’abord, ils découvrent qu’il permet de produire de l’électricité. Le guide leur montre un bâtiment en contrebas.

Dans ce bâtiment qui est une centrale, cette énergie est transformée en électricité grâce à deux turbines. EdA/M.-A. C.

« On est 50 m plus haut que ce bâtiment. L’eau dévale avec une certaine force. Dans ce bâtiment qui est une centrale, cette énergie est transformée en électricité grâce à deux turbines. »  Cette énergie renouvelable sert au fonctionnement du barrage et le surplus (ce qui est en trop) est vendu au réseau public de distribution.

Mais l’eau du barrage est aussi une réserve d’eau potable. L’eau qui sort de la centrale hydroélectrique est envoyée vers la station d’épuration de Stembert, à 9 km de là, pour être ensuite distribuée aux consommateurs, environ 400 000 personnes. « Une partie de l’eau du barrage est rendue potable mais le reste est restitué à la rivière, on ne doit pas la bloquer. »

Dans les entrailles du barrage

La partie la plus impressionnante de la visite se passe à 65 m de profondeur par rapport à la route d’accès au site.

On descend un escalier et on traverse une galerie où l’on observe de l’écoulement d’eau. « Toute l’eau qui s’écoule dans le barrage passe ici. C’est un débit global. Ici, on fait comme une prise de sang. C’est comme cela que l’on vérifie la santé du barrage. »

Le barrage de la Gileppe est un barrage-poids. « Connaissez-vous le principe d’Archimède? Quand on est dans le bain, on se sent plus léger. C’est comme s’il y avait une force qui nous poussait par en dessous. Pour le barrage-poids, c’est la même chose. La pression de l’eau a tendance à vouloir soulever le barrage. Donc, on doit faire en sorte que l’eau en dessous du barrage sorte pour éviter que l’eau déstabilise le barrage qui tiendrait moins par son poids. Donc nous mesurons ces sous pressions et permettons à l’eau de s’écouler. et c’est pour cela qu’il y a toujours de l’eau qui s’écoule. »

Dans les entrailles du barrage, on découvre aussi un pendule (qui peut déceler les mouvements du barrage).

Le niveau d’eau du lac

« Quand on construit un barrage, on réfléchit au jour où il pourrait y avoir une crue et une forte arrivée d’eau. On dimensionne le barrage pour qu’il puisse rester lui-même en sécurité. On a donc des vannes qui permettent d’évacuer 175m3 d’eau par seconde », explique Vincent Lognay.

Le niveau d’eau est-il plutôt bas actuellement ? « Le niveau d’eau d’un barrage d’eau potable dépend de la saison. En fonction de la saison, on doit avoir un niveau d’eau minimal qui nous assure de pouvoir alimenter la station de Stembert sur deux années sèches de référence. On essaie donc de ne pas aller trop bas ni d’aller trop haut. Imaginons qu’il y ait une grosse pluie, on essaie que le niveau ne monte pas trop haut pour garder toujours une réserve d’eau pour capter les crues, faire en sorte que le barrage garde le plus d’eau qu’il peut pour éviter de l’envoyer en aval, pour protéger les maisons en aval et la ville de Verviers. Eviter qu’il y ait des inondations. Mais un barrage a évidemment ses limites. »

Le barrage pourrait-il déborder  ?  Le niveau maximum du lac est situé à 300 m (ce qui correspond à l’altitude par rapport au niveau de la mer). Et le mur ? 305 m.  Un énorme déversoir assure que le lac pourrait, en toute sécurité, être vidé en quatre jours. La visite a plu aux enfants. « Je pensais que c’était un lac qui pouvait déborder et qu’on avait construit un barrage pour le retenir », explique une élève.

vidéo réalisée par Com.une