On vous l’expliquait récemment dans nos pages du JDE, la sortie du nucléaire en Belgique faisait (et fait encore) l’objet de vifs débats au sein du gouvernement. Fallait-il, comme cela était prévu depuis 2003, décider de se passer de l’énergie nucléaire dès 2025, ou au contraire, prolonger son utilisation?

Au-delà du gouvernement et de ses ministres, la réponse à apporter à cette question ne faisait pas l’unanimité (tout le monde n’était pas d’accord). Il y avait les pour et les contre, chacun y allant de ses arguments (lire plus bas). Après de nombreux échanges entre les uns et les autres et un kern (réunion de ministres) qui s’était terminé sur un échec lundi, une nouvelle réunion s’est tenue hier, ce mercredi, et un accord a finalement été trouvé par le gouvernement ce jeudi.

La Belgique sort du nucléaire mais…

C’est officiel: la Belgique sortira bel et bien du nucléaire et les réacteurs actuels seront mis à l’arrêt d’ici 2025. Mais cela ne veut pas dire que l’énergie nucléaire disparaîtra totalement du pays pour autant… Car selon l’accord, le gouvernement va investir 100 millions d’euros dans les quatre prochaines années dans la nouvelle technologie nucléaire. Cette nouvelle technologie devrait permettre d’utiliser l’uranium nécessaire à la production d’électricité de manière plus durable: en utiliser moins pour produire plus. Ce nucléaire « nouvelle génération » entraînerait également beaucoup moins de déchets et présenterait moins de risques pour la sécurité.

Par ailleurs, l’accord prévoit que deux réacteurs puissent (donc pas obligatoirement) être prolongés en cas de problème d’approvisionnement (si l’on ne pouvait pas fournir l’énergie dont a besoin le pays pour fonctionner sans utiliser la technologie nucléaire actuelle).

Un nouveau rapport de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) et du ministère de l’Économie est attendu pour le 17 janvier. Ce document analysera les options possibles pour la prolongation de deux réacteurs si les projets pour remplacer le nucléaire ne pouvaient pas voir le jour à temps. Une décision définitive (qui ne changera plus) sera prise le 18 mars 2022.

Énergie nucléaire: des pour et des contre

Actuellement, environ 50% de notre électricité est produite par les centrales nucléaires. On en compte deux en Belgique, l’une à Doel (près d’Anvers) et l’autre à Tihange (Huy). Ensemble, elles sont équipées de sept réacteurs nucléaires (dans lesquels est produite l’électricité, ils sont au cœur des centrales). 20% de notre électricité provient des énergies renouvelables et 30% des énergies fossiles. Le nucléaire reste donc majoritaire. S’il comporte des avantages, il a aussi des inconvénients…

Les arguments

L’énergie nucléaire, contrairement aux énergies fossiles comme le pétrole ou le gaz, émet très peu de CO2 (un des principaux gaz responsables du réchauffement climatique). Pour parvenir à l’objectif zéro carbone en 2050, elle semble donc particulièrement indiquée. Le problème, c’est que, pour la fission nucléaire, on utilise de l’uranium qui, traité, produit des rayonnements dangereux pour la santé lorsqu’on y est exposé. Ce qui peut se produire en cas d’accident (fuite ou explosion). Les dégâts pour l’environnement seraient aussi très importants. Un autre point soulevé par ses opposants est que si cette énergie n’est pas polluante à proprement parler, les centrales produisent des déchets radioactifs très dangereux qu’il faut stocker pendant des centaines d’années et qu’on ne sait pas éliminer pour le moment.

Les défenseurs de l’énergie nucléaire estiment que les risques d’accident sont très faibles et ils pensent qu’il n’est pas possible à l’heure actuelle de remplacer entièrement cette énergie. Car les énergies renouvelables, telles que l’énergie éolienne (produite par le vent), solaire (par le soleil), ou encore hydraulique (par l’eau) sont dépendantes des conditions climatiques et pas encore présentes en nombre suffisant pour supporter nos besoins en électricité.

Ils pensent dès lors que l’arrêt du nucléaire augmentera la facture d’électricité des citoyens et que l’on risque de manquer d’énergie. Ils pointent aussi la dépendance envers les pays avec lesquels les relations peuvent être tendues, comme la Russie, productrice de gaz. Mais selon un dernier rapport demandé par la ministre de l’Énergie, Tinne Van Der Straeten, la sortie du nucléaire est possible pour 2025: cela ne posera pas de problème au niveau de l’approvisionnement et les prix n’augmenteront que très peu.