Quand vous étiez dans l’espace, avez-vous déjà eu peur de ne pas pouvoir rentrer sur Terre ?
Oui, ça nous a effleuré l’esprit. On a eu quelques surprises. On a perdu le contrôle de la station ISS une ou deux fois à cause d’un module qui a allumé ses propulseurs alors qu’il ne devait pas le faire. Mais on a réussi à maîtriser la situation. Et puis, la première rentrée dans l’atmosphère, au retour sur Terre, quand on est écrasés par la décélération, qu’on est dans une boule de feu, c’est quand même très impressionnant. La deuxième fois, on est un peu plus habitués, mais on serre quand même les fesses…
Est-ce vrai que tout flotte dans l’espace ? La fusée flotte ou vole ?
Tout flotte dans l’espace. Mais un vol spatial, c’est un vol balistique, comme un boulet de canon. La fusée est propulsée autour de la Terre et elle garde sa vitesse. Elle est en « chute » permanente autour de la Terre.
Est-ce que, quand on est dans l’espace, c’est la même sensation que quand on flotte dans l’eau ?
Non. C’est un peu similaire, d’ailleurs c’est comme ça qu’on s’entraîne pour certaines choses : dans une piscine. Mais ce n’est pas tout à fait la même chose. En impesanteur, si on ne fait aucun mouvement, on est totalement immobile, on ne descend pas, on ne monte pas, on n’avance pas, on ne recule pas.
Avez-vous déjà vu des OVNI ou des objets extraterrestres?
Non, jamais.
Comment sait-on si c’est le jour ou la nuit ? Peut-on mesurer les heures dans l’espace ?
On tourne en permanence autour de la Terre, qui est éclairée par le Soleil. Donc on passe derrière, dans l’ombre, là où il fait nuit, puis on revient devant, dans la lumière du Soleil, dans une zone de la Terre où il fait jour. Donc on fait jour-nuit-jour-nuit… et on a 16 couchers et 16 levers de Soleil sur 24h. Alors, on ne fait pas attention et on se base sur l’heure du méridien de Greenwich sur Terre. Et on crée l’illusion de la journée et de la nuit en allumant et éteignant la lumière dans la station.
Comment vous êtes-vous senti à votre retour sur Terre ?
Très mal. C’est pas facile. On s’est habitués à la vie en impesanteur, donc le système de l’équilibre, notamment, dans l’oreille interne, est perturbé. On a perdu de la masse musculaire, de la masse osseuse. Donc quand on revient sur Terre, on a un peu mal partout, au dos, aux pieds, aux fesses quand on s’assied parce qu’on ne s’est pas assis pendant 200 jours… Et puis, on a des vertiges, des étourdissements. Il faut quelques jours ou quelques semaines pour revenir au niveau où on était avant la mission.
Avez-vous le projet d’aller sur Mars ?
D’abord sur la Lune, j’aimerais bien. C’est à ça qu’on travaille avec l’Agence spatiale européenne. On devrait avoir, d’ici 2030, le premier Européen ou la première Européenne sur la Lune. Alors ça, ce serait extraordinaire. On s’entraîne tous pour ça.
En savoir plus: Les risques d’une sortie dans l’espace
