Pour faire un film d’animation, il faut énormément de temps et beaucoup de travail. De 120 à 150 personnes consacrent plusieurs années à un film.
Vince, directeur de production, nous fait faire le tour. Il montre un classeur : « On commence par le scénario. C’est l’histoire racontée en texte descriptif, avec une page par minute à l’écran. Pour Les Inséparables, il fait 80 pages. »
À partir de ce scénario, on crée les personnages et les décors en 2D. On travaille sur les formes, et sur les couleurs qui donneront des ambiances : danger, joie…

« Ensuite, on fait le storyboard, explique Vince. C’est une version du film en dessins. C’est la première fois qu’on décide, pour chaque plan, où on met la caméra, combien de personnages sur chaque plan, combien de temps… Quand on est contents du storyboard, on va à la 3D. »

Créer chaque détail de chaque image

Ici aussi, chacun a un rôle. Il y a ceux qui créent les décors, les espaces, en volume. D’autres vont s’occuper des textures (du verre, un fauteuil ou du bois n’ont pas le même type de surface). Il y a les couleurs de chaque élément et les traces d’usure ou les fissures, par exemple.
Vince nous emmène : « Une fois qu’on a les décors, l’étape suivante, c’est de définir les points de contrôle ». Sur chaque personnage ou objet qui va bouger ou être modifié (plié, tordu…), il faut déterminer les points de fracture, tous les points que l’animateur va pouvoir déplacer pour donner le mouvement.

Mettre de la vie

Ensuite, les animateurs vont créer les expressions, les mouvements, pour que ce soit le plus réaliste possible. Evan nous montre ce qu’il fait : il doit penser à la vitesse de chaque mouvement, aux angles de vue qui permettent de donner le meilleur effet…
Une autre équipe s’occupe des effets spéciaux : les fumées, les feuilles qui volent, les confettis qui tombent, les fontaines… Tandis que sur les écrans d’à côté, on crée les mouvements dans les cheveux,  les plis des vêtements.
Puis, on va ajouter les lumières : où arrivent-elles ? Où sont les ombres ? Quels effets sur les différentes surfaces ?… Il faut aussi créer du flou dans les fonds d’images (ce qui est devant est net, le fond doit être flou).

Tout ce travail, pour chaque image, alors qu’il y en a 24 par seconde de film, est impressionnant ! Et il faudra encore ajouter à cela les voix, les bruitages, les sons, les musiques…
Lucie et Giulia n’en reviennent pas. Quel boulot !



L’interview du réalisateur, Jérémie Degruson

Comment avez-vous imaginé l’histoire du film ?

L’histoire a été écrite, à la base, par les scénaristes qui ont travaillé sur Toy Story. Ce sont des Américains. On a bien aimé leur scénario. Mais on l’a retravaillé, on a changé des choses, qui étaient un peu difficiles à réaliser, et on a ajouté le château dans les nuages, par exemple.

Sur quoi vous vous basez pour imaginer les personnages ?

Sur leur personnalité. Et on fait le design, c’est-à-dire à quoi ils vont ressembler. Don, le personnage principal, c’est une marionnette inspirée par Don Quichotte, un personnage mince et grandiloquent. Avec lui, on voulait un deuxième personnage plus rond et plus petit, pour faire un contraste. C’est plus intéressant.

Combien de temps a-t-il fallu pour faire le film ?

Trois ans.

Dans combien de langues le film va-t-il sortir et qui fait les voix ?

On a une version anglaise et française. Et puis après, dans chaque pays, ils vont faire le doublage : en Pologne, en Espagne, en Ukraine… On ne s’en occupe pas.



Puggy a fait la musique du film

Est-ce la première fois que vous faites la musique d’un film ?

C’est la quatrième fois qu’on a fait toute la musique d’un film, de la première à la dernière seconde. Mais on a déjà fait des petites parties, ou juste un morceau, pour d’autres films.

Quel type de musique avez-vous fait pour le film ? Quelles étaient vos sources d’inspiration ?

Il y a beaucoup de genres dans Les Inséparables : du rap, du folk, du musical, de la musique classique, de la pop. Donc on a écouté des grands compositeurs classiques, du rap… plein de choses qu’on ne connaissait pas très bien. C’est chouette, ça nous permet de diversifier ce qu’on fait.

Avez-vous vu le film avant d’écrire les musiques ?

Au début, on nous a expliqué toute l’histoire du film et ils nous ont montré quelques premières images. Et puis on a attendu peut-être un an. Et c’est seulement alors qu’on a pu écrire nos musiques, en voyant les images.

Qu’est-ce qu’il faut pour avoir une bonne musique de film?

Une cohésion entre l’histoire et la musique. Il faut arriver à traduire la bonne émotion au bon moment.