Peut-on aimer lire de la poésie quand on a 10 ans? Comment le découvrir? Voici quelques conseils de l’écrivain Timothée de Fombelle, l’auteur de Tobie Lolness.

La poésie, qu’est-ce que c’est? En plongeant dans le livre L’arbre en poésie, on le découvre. Un exemple? « Un arbre passe, un homme le regarde et s’aperçoit que ses cheveux sont verts… » (Robert Sabatier).

Timothée de Fombelle, l'auteur de Tobie Lolnes préface ce livre.

Un autre écrivain, Victor Hugo, écrit: « Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois. Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois, dans votre solitude où je rentre en moi-même, je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime! »

Enfant, Timothée de Fombelle s’est passionné pour les arbres et leurs noms. Devenu écrivain, il a imaginé dans Tobie Lolness, un héros (Tobie) haut de 1,5 mm, vivant, avec son peuple, dans un arbre !

« Mon premier choc, quand j’étais enfant, a été les arbres. Le même choc s’est produit, quand j’ai découvert la poésie. Pour moi, la poésie, c’est la bande-annonce d’une vie. Cela veut dire qu’il y a le concentré de la vie. Moi, je ne regarde plus les bandes-annonces des films, d’ailleurs car elles racontent trop. La poésie est une bande-annonce car elle m’a annoncé les grands sujets de la vie: l’amour, la mort… J’ai perdu mon père en étant assez jeune et la poésie m’a accompagné. »

La poésie permet d’avoir des émotions que l’on n’a pas encore découvertes dans la vraie vie. « Enfant, j’ai eu le cœur qui battait en lisant des poèmes d’amour alors que je connaissais pas le sentiment amoureux. »

La poésie nous permet de regarder les choses autrement

« La poésie va à l’essentiel. Mais chacun y prend ce qu’il veut, car la poésie est interprétable différemment puisqu’elle ne dit pas tout. Elle donne pas un mode d’emploi, ce n’est pas un manuel technique sur le sentiment amoureux ou la chimie du cerveau. Elle propose un regard. Dans Tobie Lolness, j’ai mis un poème de Rilke qui dit: Vues des Anges, les cimes des arbres peut-être sont des racines, buvant les cieux. Et cette image fait retourner le regard. Tout à coup, on regarde les choses autrement. On regarde l’arbre depuis le ciel et on se dit que les branches sont des racines qui boivent les cieux. »  

« La poésie, ça ressemble à s’arrêter à un endroit… et tout à coup, se mettre à regarder autour de soi »

« La poésie arrête le temps. Elle a la beauté de l’inutile. Elle ne nous tient pas en haleine comme le roman. C’est un moment d’arrêt. Au lieu de poursuivre sa route, on s’arrête et on observe ce qui est là. On contemple et on décortique ce qui est autour de nous. Cela crée du relâchement. Souvent, la poésie s’écrit avec peu de mots et quand on la déguste, elle provoque une détente. »

La liberté d’aimer ou pas

Il existe des règles en poésie, des styles établis. Mais on n’est pas tenu de les suivre. Certains écrivent les mots dans le désordre. Parfois, on ne comprend ce qu’a voulu dire l’auteur. Si la personne a été libre d’écrire ce qu’elle sentait ou ressentait, est-on libre de ne pas avoir compris ou aimé son poème?

« C’est le droit du lecteur. Certains poèmes ne nous disent rien. Et un poème va dire des choses différentes à chacun. Un poème va bouleverser quelqu’un et laisser un autre indifférent ! Certains poèmes me mettent pas terre. Dans ce livre L’Arbre en poésie, j’ai découvert des textes que je ne connaissais pas. J’ai aimé qu’il y ait des poèmes sur une variété d’arbres: l’orme, le pin, le cerisier, le chêne… Il y a une vingtaine d’essences différentes dans ce livre. Moi, j’ai trois ou quatre arbres qui ont vraiment compté dans ma vie. »