Qu’est-ce que vous aimez par dessus tout dans votre métier ?

Ce que j’aime, c’est voir les différentes formes du vivant. Sur Terre, tu as toutes sortes d’organismes vivants, qui vont d’une petite cellule invisible à l’œil nu jusqu’à la baleine bleue, qui est le plus grand animal, qui pèse plusieurs dizaines de tonnes. J’aime aller voir ces animaux dans leur milieu, les rencontrer, les regarder, voir comment ils vivent… et pouvoir parler avec ceux qui les étudient. Et puis, j’aime les filmer et ramener des histoires, pour que les autres trouvent ça beau aussi, qu’ils s’y intéressent et aient envie de protéger toute cette vie.

Vous filmez tout vous-même ?

Parfois, je suis tout seul. Mais généralement, on est deux ou trois. Faire une émission, c’est un travail collectif. Moi, ma spécialité, c’est de filmer des animaux. J’ai une caméra et un petit drone. Mon collègue a une autre caméra et il filme la manière dont on prend nos images, les scientifiques ou les personnes qu’on rencontre…

Est-ce que vous aimez passer à la télé ?

Ce n’est pas la chose que je préfère. Ce n’est pas ça qui m’anime. Ce qui me passionne, c’est de filmer le vivant. Il se fait que mon travail consiste en partie à passer à la télé. Mais c’est seulement un outil pour parler de ce que j’aime vraiment.

Apprenez-vous beaucoup de choses lors de vos émissions ?

Oui, toujours. Quand tu découvres un nouvel environnement, tu absorbes beaucoup d’informations. Des gens nous apprennent des choses. On se met dans une position de très grande écoute par rapport aux animaux et par rapport aux personnes qu’on rencontre. On essaie d’apprendre le plus vite possible pour pouvoir transmettre les informations. On est comme des petits enfants. On demande toute la journée : « Et pourquoi il fait ça ? », « Pourquoi il est là ? » « Où est-ce qu’il va ? »… On est tout le temps curieux.

Comment filmez-vous les animaux ?

Le grand principe, c’est que c’est toujours eux qui décident. Un animal sauvage ne répond à aucun ordre, donc on s’adapte. Tout d’abord, on se préoccupe de ne pas le déranger. Pour commencer, on essaie de regarder ce qu’il fait, comment. Puis on va essayer de trouver comment mettre nos caméras pour filmer l’animal sans altérer (modifier) trop son comportement. Mais c’est lui qui décide s’il vient ou pas, quand, ce qu’il fait, quand il part… Parfois, c’est très facile. On a filmé, en Équateur, des colibris (petits oiseaux au bec très fin). Ils venaient manger du sucre dans des petites mangeoires donc on savait où ils allaient arriver. Par contre, quand on a filmé des loups, on a dû attendre deux semaines avant qu’ils arrivent. On était trois, cachés dans une petite boîte, à attendre qu’ils viennent. Il faut être très patient.

Aimez-vous les tournages ?

Oui, c’est très enrichissant et stimulant. Après, comme on dépend de ce que font les animaux et de la météo, il faut s’adapter. Parfois, on dort dehors, même s’il fait -30°C ou +40°C. Parfois on est tout mouillés, parfois on a trop chaud, parfois trop froid… La semaine prochaine, on va dans le désert et, trois mois après, on part en montagne. Donc il faut être zen, parce que le milieu change souvent.

Stressez-vous parfois ?

Oui, parfois un petit peu. Parce qu’on a un temps défini pour fabriquer l’émission. C’est pas du stress négatif, mais une envie de trouver des solutions. Par exemple, cet été, on a tourné en Islande une émission sur les renards polaires. Mais on n’en trouvait pas ! Donc on a cherché, cherché, cherché… C’est les animaux qui décident. Il faut un peu de chance. Et donc, là, on a travaillé beaucoup beaucoup pour voir seulement un peu les renards polaires. Et parfois, il y a des tournages qui ratent. Il faut accepter que ça ne marche pas toujours. Ça ne s’achète pas, le fait d’être au bon moment au bon endroit pour la nature.