Le 24 février 2021, le travailleur humanitaire tournaisien (province de Hainaut) Olivier Vandecasteele était arrêté en Iran (Moyen-Orient). Depuis, il est enfermé dans une prison, dans des conditions de vie extrêmement difficiles. Il a d’ailleurs décidé de mener une grève de la faim pour alerter sur sa situation.

On ne connaît toujours pas les raisons de son arrestation. Mais selon le gouvernement belge, Olivier Vandecasteele ne s’est rendu coupable d’aucun crime en Iran.

Pourtant, ce mercredi matin, sa famille a confirmé dans un communiqué de presse qu’il avait été condamné à une peine de 28 ans de prison par un tribunal iranien. Ses proches ont appris la nouvelle hier, mardi, en rencontrant les membres du gouvernement belge. Ces derniers affirment tout mettre œuvre pour organiser le retour du travailleur humanitaire en Belgique. Mais cela semble compliqué…

Un traité en suspens

En effet, à l’heure actuelle, les autorités expliquent que le seul moyen dont dispose la Belgique pour organiser le retour d’Olivier Vandecasteele au pays est l’application du «Traité de transfèrement de personnes condamnées».

Ce traité, conclu récemment avec l’Iran, doit permettre aux personnes d’origine belge détenues en Iran d’être transférées en Belgique pour effectuer le reste de leur peine, et inversement. Ainsi, avec ce traité, Olivier Vandecasteele aurait pu être remis à son pays d’origine, en même temps que le diplomate iranien Assadollah Assadi, condamné à 20 ans de prison en Belgique, aurait pu être remis à l’Iran. Problème : la cour constitutionnelle belge a suspendu la mise en œuvre de ce traité la semaine dernière.

Pourquoi ? Assadollah Assadi a été reconnu coupable par la justice belge de tentative d’assassinat terroriste. Un crime grave et punissable. Or, dans son pays d’origine, il y a de fortes chances que l’homme soit libre et ne soit plus condamné. Il semble qu’il est une personne très importante et influente en Iran, et qu’il a agi à la demande du gouvernement. On pense d’ailleurs qu’Olivier Vandecasteele a précisément été condamné par la justice iranienne afin d’organiser un échange avec Assadollah Assadi

Le difficile choix de la justice

La justice belge, elle, se retrouve coincée entre les droits de plusieurs personnes. Les droits des victimes qu’auraient pu faire le diplomate si son projet terroriste avait vu le jour. Ce qui justifie que le coupable désigné soit condamné et effectue sa peine.

Et les droits du travailleur humanitaire enfermé en Iran… sans raison valable et dont les conditions de détention pourraient entraîner sa mort. La justice fait donc face à un choix difficile. C’est la raison pour laquelle la cour constitutionnelle a décidé de suspendre l’application du traité. En attendant une nouvelle décision de justice qui décidera de son annulation ou non, d’ici trois mois.

C’est beaucoup trop long pour la famille d’Olivier Vandecasteele qui continue d’appeler à l’aide et prie le gouvernement d’agir pour obtenir le retour du travailleur humanitaire en Belgique.

D’autres arrestations controversées

Olivier Vandecasteele n’est pas le seul étranger à avoir fait les frais de la justice dure et arbitraire (qui dépend de la seule volonté du pays, sans règles) de l’Iran.

Le 25 avril 2016, lors d’un voyage en Iran, le professeur de la VUB (université flamande belge) Ahmadreza Djalali a été arrêté sans mandat (autorisation de la justice) par des agents du Ministère des renseignements iranien. Ce citoyen iranien résidant en Suède est resté plusieurs mois en prison, dans des conditions extrêmement difficiles, avant d’être condamné à mort par la justice iranienne. On l’accuse d’espionnage, or aucune preuve en ce sens n’a été apportée à ce jour.

Sept Français sont également détenus dans des prisons iraniennes, vivant des situations similaires. L’Iran pratique ce qu’on appelle une « politique d’otages » qui vise à avoir une « monnaie d’échange » vis-à-vis des pays avec lesquels elle est en désaccord.