Les quatre anciens dirigeants de Tepco (qui exploitait la centrale nucléaire de Fukushima) ont été condamnés à des dommages-intérêts record de près de 100 milliards d’euros. Pourront-ils payer un jour une telle somme ? Sans doute pas mais ils devront payer au maximum de leurs moyens personnels.

La justice a voulu que la somme soit très élevée car les dégâts sont immenses. Mais revenons d’abord sur la catastrophe.

Que s’est-il passé le 11 mars 2011?

Le 11 mars 2011, un puissant tremblement de terre s’est produit au fond de la mer au nord-est du Japon (Asie).  Ce séisme a été suivi par un tsunami: une vague géante a envahi les terres et a détruit tout sur son passage. Il y a eu près de 20 000 morts et disparus.

La centrale de Fukushima Daiichi a aussi été touchée. Une centrale nucléaire produit de l’électricité avec de l’uranium (une matière que l’on trouve dans le sol). Lors du traitement de cet uranium, il y a de la radioactivité (des rayonnements) qui se dégage en grande quantité. Cette radioactivité élevée est très nocive (mauvaise) pour la santé. Si on est en contact avec ces rayonnements élevés, c’est grave.

Belga

La centrale de Fukushima comptait six réacteurs (cœurs d’une centrale, où les réactions nucléaires ont lieu). L’eau de mer a noyé les installations et tout est tombé en panne. Sans électricité, les responsables de la centrale ne sont pas parvenus à refroidir les réacteurs, où des explosions se font entendre. Ils ne contrôlaient plus rien. Dans quatre réacteurs, les matières radioactives ont fondu et des fumées radioactives, dangereuses pour la santé et pour la nature, se sont échappées de la centrale.

Suite à cette catastrophe, 200 000 habitants de la région de Fukushima ont été évacués. Un périmètre de sécurité de 20 kilomètres a été dressé autour de la centrale.

Ce sont des actionnaires de Tepco qui avaient lancé cette action en justice en 2012. Des actionnaires, ce sont des gens qui ont acheté des actions, des «  parties  » de l’entreprise. Ils ne cherchaient pas réparation pour eux-mêmes directement mais pour Tepco.

Le sens de la sûreté et de la responsabilité a fait défaut

Les actionnaires faisaient valoir que le désastre aurait pu être évité si les dirigeants de Tepco avaient pris en compte des rapports qui leur disaient de construire des digues, d’installer à une altitude plus élevée les systèmes d’électricité de secours de la centrale…

La centrale est située au bord de l’océan Pacifique et pouvait, un jour, connaître un raz de marée par exemple.

La justice a estimé que ces quatre ex-dirigeants de Tepco avaient manqué du sens de la sûreté et de la responsabilité. Depuis l’accident, Tepco fait face à de nombreuses procédures judiciaires, y compris de la part d’habitants ayant été forcés d’évacuer la zone à cause des radiations, dans des conditions parfois très éprouvantes.

La condamnation de ces quatre ex-dirigeants de Tepco à près de 100 milliards d’euros de dommages-intérêts pourra aider l’entreprise à faire face à ses coûts de démantèlement (démontage), de décontamination des sols et de stockage de déchets et débris radioactifs, ainsi qu’aux indemnités devant être versées aux habitants affectés par l’accident nucléaire.