Face à l’extrême violence des gangs à Haïti, la communauté internationale s’inquiète. Après que des milliers de prisonniers se sont évadés, le gouvernement haïtien a décrété l’état d’urgence et un couvre-feu, dimanche dernier, dans l’ouest du territoire. Désormais, les gangs à l’origine de ces évasions menacent de guerre civile (à l’intérieur de l’État). Le pays est plongé dans le chaos. Que se passe-t-il ?

Un pays miné par les crises et la violence

Haïti est un pays des Caraïbes situé sur l’île d’Hispaniola, qu’il partage avec la République dominicaine. Il est considéré comme l’un des pays les plus pauvres au monde. L’extrême violence rencontrée actuellement à Haïti n’est pas neuve.

Depuis 2021 et l’assassinat du président Jovenel Moïse, l’île fait face à diverses crises. À la fois politique, sécuritaire et humanitaire. Les gangs ont pris le contrôle de zones entières du territoire dans lesquelles ils font régner la terreur. En 2023, 5,5 millions d’Haïtiens, soit près de la moitié de la population, avaient besoin d’assistance humanitaire.

La semaine passée, le Premier ministre haïtien Ariel Henry étant en déplacement à l’étranger, la situation du pays s’est encore davantage détériorée. Les gangs ont décidé de s’en prendre à des sites stratégiques (importants) de l’île. Pour justifier ces violences, ceux-ci affirment vouloir renverser le Premier ministre, illégitime (non reconnu) selon eux. Arrivé au pouvoir en 2021, Ariel Henry aurait dû quitter ses fonctions en février.

Vendredi dernier, le 1er mars, le Premier ministre haïtien a signé un accord avec le Kenya. Celui-ci prévoit l’envoi de policiers kényans sur l’île afin de tenter de remettre de l’ordre.

Des prisons attaquées par les gangs…

Dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 mars, plus de 4 000 détenus se sont évadés de deux prisons de la capitale Port-au-Prince, après l’assaut de gangs armés.

Au moins une dizaine de personnes, détenus et membres du personnel des prisons, sont mortes des suites de ces attaques. Parmi les prisonniers qui se sont échappés, on compte des chefs de gangs connus et des inculpés dans l’assassinat du président Jovenel Moïse…

… la capitale paralysée

Dimanche, le gouvernement a donc instauré un couvre-feu de 72 heures, reconductible (qui peut se poursuivre) et décrété l’état d’urgence.

Mardi, des gangs ont attaqué l’académie de police de la capitale haïtienne, après avoir tenté la veille de s’emparer de l’aéroport international Toussaint-Louverture.

À la suite de ces graves troubles, les compagnies aériennes internationales ont décidé d’annuler tous leurs vols à destination de Port-au-Prince. La capitale a été paralysée plusieurs jours avec transports en commun à l’arrêt et commerces fermés. Peu à peu, la vie reprend à Port-au-Prince, même si la situation sécuritaire est toujours alarmante…

Cette nouvelle escalade de violence a forcé quelque 15 000 personnes à fuir le pays.

La menace des gangs et l’inquiétude internationale

Mardi 5 mars toujours, un chef de gang a menacé de déclencher une « guerre civile » si le Premier ministre Ariel Henry ne démissionnait pas, affirmant par ailleurs que « soit Haïti dev(enait) un paradis pour nous tous, soit un enfer pour nous tous ».

Des menaces qui alarment la communauté internationale. Mercredi 6 mars, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni en urgence. Qualifiant la situation actuelle de « critique », il a appelé à la tenue, au plus vite, de nouvelles élections (les dernières ont eu lieu en 2016). Sans réclamer pour autant la démission d’Ariel Henry.

En octobre déjà, le Conseil de sécurité avait donné en octobre son accord pour l’envoi d’une mission multinationale menée par le Kenya. Celle-ci avait été retardée. L’accord signé vendredi devrait accéléré les choses, mais aucune date n’a encore été avancée… En attendant, Haïti reste sous la menace de la violence des gangs.