Nizar Trabelsi est au centre d’un procès qui démarre cette semaine à Washington, aux États-Unis. Il va être jugé pour un projet d’attentat-suicide contre une base militaire américaine en Belgique. Ce procès pose plusieurs questions. On t’explique pourquoi.

Un projet d’attentat en Belgique

C’est en septembre 2001 que Nizar Trabelsi est arrêté à Uccle (Bruxelles). Des attentats terribles ont eu lieu deux jours plus tôt aux États-Unis. Le Tunisien qui est arrêté est soupçonné de préparer une attaque. Des produits, des armes, des indices vont dans ce sens. L’enquête avance et Trabelsi attend son jugement en prison en Belgique.

En 2004, il est jugé. Il reconnaît qu’il prévoyait un attentat-suicide, pour le printemps 2002, à la base militaire de Kleine-Brogel, dans la province du Limbourg. Cette base de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) est occupée par des soldats américains. L’homme est condamné à dix ans de prison. Il purge sa peine jusqu’au bout… et n’est pas libéré ! En effet, les États-Unis réclament que cet homme soit extradé (livré à un autre pays) pour être jugé par un tribunal américain. La Cour européenne des droits de l’homme interdit cette extradition, puis l’interdiction est suspendue, et Trabelsi se retrouve dans un avion le 3 octobre 2013…

Depuis 2013 dans une prison américaine

Depuis presque dix ans, Nizar Trabelsi est détenu aux États-Unis. Selon ses avocats en Belgique, il est enfermé dans une petite cellule sans vue vers l’extérieur. La lampe est allumée 24h/24, ce qui rend le sommeil très difficile et perturbe le corps et l’esprit (parce qu’il n’a pas de repère jour/nuit). Il est maltraité. Il n’a aucun contact excepté avec ses gardiens… Il serait en mauvaise santé physique et mentale. Tout cela, depuis près de dix ans, sans avoir été jugé par un tribunal américain.

Le procès américain de Trabelsi doit donc commencer ce 8 mai 2023. Mais le Tunisien n’aurait plus confiance en personne et refuserait d’être défendu par des avocats américains. Il veut se défendre seul alors qu’il ne comprend et ne parle pas l’anglais. Il risque la prison à perpétuité (à vie).

Jugé deux fois pour la même chose?

Les conditions de détention de Trabelsi posent questions. Mais les raisons de cette détention et le fond de l’affaire aussi.

Car le Tunisien va visiblement être jugé pour les mêmes faits que ceux pour lesquels il a été condamné en Belgique en 2004. Or, il a eu sa condamnation et il a purgé sa peine de prison. Normalement, donc, cette histoire est passée. En justice, on ne peut pas juger deux fois quelqu’un pour un même fait. Lorsque quelqu’un est jugé, si toute la procédure est terminée, c’est fini, classé. Comment les États-Unis peuvent-ils nier ce principe de base et faire juger Trabelsi une deuxième fois? Et pourquoi la Belgique a-t-elle livré Trabelsi aux États-Unis, en connaissant les intentions américaines?

La cour européenne des droits de l’homme et la cour d’appel de Bruxelles considèrent que la Belgique a bafoué l’État de droit (les principes d’un État démocratique qui respecte les droits humains). La cour d’appel de Bruxelles a même condamné notre pays à verser à Nizar Trabelsi 10 000€ par année de détention passée et à venir aux États-Unis.

Commet le procès va-t-il se dérouler? Que va-t-il se passer? La Belgique va-t-elle agir d’une manière ou d’une autre? On va voir comment les prochaines semaines vont se passer…