Hier 10 avril 2023, l’Irlande du Nord célébrait les 25 ans de la signature de l’accord de paix du Vendredi saint. De quoi s’agit-il ?

L’Irlande du Nord a été, pendant 30 ans et avant le retour de la paix, le terrain de violents conflits. Pour comprendre cette situation, il faut faire un bond dans le passé…

Durant plusieurs siècles, l’Irlande a été une colonie anglaise (elle était sous la domination de l’Angleterre, qui la dirigeait et en tirait profit). En 1801, l’Irlande est intégrée au Royaume-Uni par l’Acte d’Union. En 1921, elle acquiert son indépendance (la liberté de décider de son sort). Mais cela ne concerne pas toute l’Irlande ! Le nord de l’île reste attaché au Royaume-Uni.

Ainsi, l’Irlande du Nord, aussi appelée Ulster, est une province du Royaume-Uni qui est située en République d’Irlande (un pays à part entière). Mais, au sein de ce territoire, les choses ne sont pas si simples…

Protestants unionistes et catholiques républicains

En Irlande du Nord, deux «  camps  » s’opposent. Avec, d’un côté, des protestants unionistes, qui veulent que l’Ulster reste dans le Royaume-Uni, et de l’autre, des catholiques républicains, qui veulent qu’elle s’en sépare pour acquérir, elle aussi, son indépendance, comme le reste de la République d’Irlande. Contrairement au reste du Royaume-Uni, les catholiques sont majoritaires en Ulster.

En 1970, cette situation s’envenime. Des catholiques républicains décident de prendre les armes et de se battre contre les protestants unionistes et les Britanniques pour faire entendre leurs voix et obtenir l’indépendance de l’Irlande du Nord. Ils fondent l’Armée républicaine irlandaise (IRA). Celle-ci organise des attentats en Ulster et en Grande-Bretagne.

Le conflit se poursuivra pendant près de 30 ans, faisant 3 600 morts.

Un accord de paix

En avril 1998, l’IRA accepte de rendre les armes. Un accord de paix est finalement signé : l’accord du Vendredi saint (ou accord de Belfast). Celui-ci dote l’Irlande du Nord d’un gouvernement, qui doit être dirigé conjointement (ensemble) par les deux camps, unionistes et républicains (il comprend 5 protestants et 5 catholiques) et d’un Parlement (là où on vote les lois), appelé Assemblée de Stormont.

Des Nord-Irlandais élus peuvent désormais décider de certaines choses pour leur province. Le Royaume-Uni continue de gérer le reste.

Malheureusement, cet accord ne se passe pas tout à fait comme prévu…

25 ans après, la paix reste fragile en Irlande du Nord

25 ans après l’accord du Vendredi saint et l’accord de paix signé, la situation est toujours délicate. Et le Brexit n’a rien arrangé…

En 2002, le Parlement est suspendu (arrêté en attendant une solution) à la suite d’un scandale d’espionnage de l’IRA. Quatre ans durant, le gouvernement anglais reprend la main sur l’Irlande du Nord. En 2006, un nouvel accord est signé : l’accord de Saint-Andrews. Il permet la tenue de nouvelles élections, la formation d’un nouveau gouvernement et le retour du Parlement.

Mais en 2016, la question du Brexit vient à nouveau secouer la relative paix retrouvée en Irlande du Nord. Une majorité de Nord-Irlandais se prononcent en faveur du maintien dans l’Europe… Contrairement aux Anglais. Cela pose plusieurs questions pour l’avenir et notamment celle des frontières… Comment va-t-on s’organiser si l’Irlande du Nord reste dans l’Union européenne tandis que le Royaume-Uni la quitte ?

Cette question des frontières et du Brexit reste un problème. Depuis un an, il n’y a plus de gouvernement et les tensions entre les différents camps se sont ravivées.

Ce lundi 10 avril, l’Irlande du Nord célébrait les 25 ans de la signature de l’accord de paix. Mais les murs qui séparaient les deux Irlande ne sont pas encore tous tombés… Signe que la paix reste bien fragile dans cette partie du continent européen.