C’est l’histoire d’un aventurier, un kayak et une poule. Ce n’est pas le début d’une blague, mais d’une aventure qui commence en 2019, quand Olivier Dessy, photographe vivant à Halanzy (province de Luxembourg), se lance le défi de descendre le Rhin en kayak en 2020. Il veut partir en autonomie (avec tout le matériel à bord, sans que personne ne doive lui apporter du matériel ou de la nourriture), comme les explorateurs. Il prévoit un périple de 25 jours, qui traversera 6 pays sur 1300 km: « Mon itinéraire démarre dans les Alpes suisses, continue vers le Liechtenstein, l’Autriche, l’Allemagne, la France, puis retour en Allemagne avant l’arrivée à Rotterdam, aux Pays Bas », explique-t-il.

Une poule à bord

Pour lui tenir compagnie et avoir un œuf frais tous les matins, il décide qu’il emmènera l’une ses poules, Lorëlei, qui quittera donc le jardin familial et ses 14 copines à bec le temps de l’épopée.

Mais après un an de minutieuses préparations, repérages et entraînements, le départ prévu pour l’été 2020 est reporté… « Le Covid est arrivé. J’ai donc continué à m’entraîner, et remis à 2021. Puis il y a eu les inondations… J’ai essayé, je suis parti en Suisse, mais il pleuvait encore trop en amont, le niveau de l’eau restait haut, les déchets rendaient la navigation compliquée. Je suis rentré après une semaine. J’ai remis à 2022.  »

Cette année, il a enfin pu entamer son périple mais a décidé de le faire différemment; en plusieurs étapes, par voyages d’une ou deux semaines, pour prendre davantage le temps d’observer, de documenter, de vivre au rythme de la nature. « Je viens de rentrer de mon second périple. J’en suis à un quart environ, j’ai terminé ici en faisant tout le tour du Lac de Constance, qui se trouve entre l’Autriche, l’Allemagne et la Suisse. C’est là que je reprendrai dans quelques mois. »

À raison de deux ou trois voyages par an, il devrait finir son aventure en 2024.

Lorëlei voit du pays

Durant le périple, Lorëlei ne le quitte jamais. « Nous avons développé une relation spéciale, forcément, sourit Olivier Dessy. On papote, elle comprend ce que je dis, elle monte ou descend du kayak quand je lui demande, je comprends quand elle a faim. Et puis je dois prendre soin d’elle, je ne m’aventure donc jamais loin de la berge. Nous partons avec toute la nourriture, et je filtre l’eau du Rhin pour boire. Le soir, nous accostons et plantons la tente. Là, nous rencontrons souvent du monde; ce voyage en kayak a ses côtés très solitaires, mais aussi très social. On crée de sacrés liens. »

Et que de liens créés avec ces gens qui voient débarquer un kayakiste souriant et sa poulette! Un duo improbable qui donne parfois lieu à des anecdotes particulières: « Une fois, nous nous sommes réveillés, j’ai ouvert la tente et là, un renard nous attendait. Il était fixé sur Lorëlei. J’ai su la sauver in extremis. »

Lorëlei, qui tient son nom d’une sirène célèbre près du Lac de Constance, a la navigation dans le sang. « Sur le kayak, elle est en liberté, elle fait sa vie. Elle adore se percher sur les pagaies, ce qui complique parfois la navigation d’ailleurs, rit-il. Mais je ne me verrais plus voyager sans elle. Nous terminerons ce périple ensemble! »

Wivine Mathieu (L’Avenir)

Pour suivre leurs aventures sur Facebook: À ras d’O