Dans le nord de l’Inde (Asie), une centrale biomasse (lire plus loin) s’est lancée dans un nouveau projet, celui de collecter le fumier et la bouse de vache et les transformer ensuite en énergie pour alimenter la ville d’Indore, capitale de l’État du Madhya Pradesh.

Ce projet vise deux objectifs: participer à la réduction de la pollution atmosphérique en produisant une énergie durable et offrir de nouvelles possibilités de revenus (argent) aux fermiers de la région. En Inde, dans les villages, il est courant d’utiliser les bouses de vache et le fumier qui ont été séchés au soleil comme combustibles (produits qui brûlent). Mais cette pratique est polluante car ces éléments, en brûlant, libèrent des gaz nocifs pour la santé et la planète dans l’atmosphère.

Méthanisation et biomasse

Grâce à la centrale biomasse qui utilise le processus de méthanisation (technique naturelle de production de gaz grâce à la dégradation de produits végétaux ou animaux), bouses de vache et fumiers peuvent être employés différemment et devenir très utiles… Pour fabriquer de l’énergie renouvelable par exemple !

Une fois collectés, ils sont mélangés à d’autres déchets ménagers pour produire du méthane. Le méthane fait partie des gaz à effet de serre et est mauvais pour l’environnement quand il est relâché dans l’atmosphère sans traitement. Par contre, lorsqu’il est contenu et traité dans la centrale de façon naturelle, il est bien meilleur pour l’environnement et permet de fabriquer de l’électricité ou du gaz 100% renouvelables (sans épuiser les ressources de la Terre, on peut les réutiliser à l’infini). Les déchets naturels qui restent suite à la transformation peuvent, eux, retourner dans les fermes sous forme d’engrais naturel.

Lorsque le projet sera au maximum de sa capacité de production, la centrale pourrait traiter 500 tonnes de déchets par jour, dont au moins 25 tonnes d’excréments de bovins.

Cette énergie pourrait alors fournir l’électricité nécessaire pour le fonctionnement de tous les bus de la ville d’Indore et le surplus (la moitié de la production) serait vendu à des industries.

Projet « Gobardhan »

Grâce à cette centrale biomasse, de nombreux fermiers de la région peuvent profiter du projet « Gobardhan » qui signifie « argent du fumier » en hindi (l’une des langues officielles indiennes). En effet, ils peuvent vendre les excréments de leur bétail et le fumier, ce qui leur assure un revenu régulier et durable.

Par camion de fumier frais envoyé à la centrale, un fermier comme Suresh Sisodia, interrogé par l’AFP, peut gagner 218 euros, une somme plus élevée que ce que gagne en moyenne un foyer sur un mois grâce à ses pratiques agricoles. Et il est possible pour lui, avec ses 50 têtes de bétail, de remplir un camion toutes les trois semaines environ.

Inquiets qu’on utilise leurs ressources sans qu’ils n’en récoltent les fruits et que la centrale s’enrichisse à leurs dépens, les agriculteurs de la région ont exigé des garanties de paiements rapides et réguliers avant de s’engager dans ce projet pour la centrale biomasse.

Le Premier ministre indien Narendra Modi espère que ce projet rencontrera le succès espéré. Il a, en tout cas, déjà promis l’installation de 75 autres centrales biomasse dans les deux prochaines années. L’Inde est face à une urgence environnementale: pour les besoins énergétiques de sa population de 1,4 milliards de personnes, le pays dépend très fortement des énergies fossiles, et notamment du charbon, responsables des gaz à effet de serre et donc du réchauffement climatique.