Un étrange robot s’avance, muet. Il est fait de morceaux d’ordinateur, de pièces de voiture, de bouts de téléphone… Tout est assemblé avec des fils et des câbles électriques. À l’intérieur de ce costume façon Transformers, un artiste: Precy Numbi.

Il vient de la République démocratique du Congo (Afrique). Après ses études à Kinshasa, la capitale, il a choisi de passer trois ans dans l’endroit le plus dur du pays: au Kivu (est). "Il y a des guerres, raconte-t-il, beaucoup de problèmes liés à la politique, aux frontières toutes proches et aux matières premières qui sont dans le sous-sol de cette région. Car ce qui crée la guerre au Kivu, ce sont les matières premières comme le coltan, le cobalt, le cuivre, l’étain, le plomb, etc."

En effet, le sous-sol du Kivu est riche en minerais utilisés dans nos batteries, ordinateurs, téléphones, voitures… Les Congolais travaillent dur dans les mines, mais vivent dans la misère. Des groupes armés se battent pour prendre possession des richesses minières.

 

Envahi de déchets

 

À Goma comme à Kinshasa, Precy constate: " Il y a beaucoup de déchets qui traînent partout. Il n’y a pas de traitement, de recyclage, d’assainissement. Il y a des pollutions et des maladies à cause de ces déchets industriels."

Une partie de ces déchets sont technologiques. Ils ont été fabriqués avec les matières premières puisées dans le sous-sol du Congo, puis ils envahissent les rues, les champs du pays…

Precy a alors l’idée de créer un superhéros avec ces déchets. Un héros car il veut cesser d’être victime. Il veut aussi une armure protectrice contre la police qui l’arrête quand ses prestations artistiques attirent du monde. " Le superhéros apparaît quand les gens font face à un problème et ne savent pas comment s’en sortir. Pour tout le monde, mon superhéros est un robot. Certains parlent d’un hé-robot (héros/robot). Moi, je suis juste un robot sapiens (nous sommes des homo sapiens, des humains pensants)."

Quand il porte son costume d’objets-déchets, Precy disparaît. Une image de ce qui arrive à l’humanité? "On n’arrive pas à gérer ces déchets. Je crois qu’on va en avoir un peu partout. Comment on va se transformer? Que va devenir ce monde? Ça fait partie de mes questions. "

 

Prisonniers de la technologie?

 

"Avec ce costume, je me suis emprisonné dans les matériaux technologiques. Ça pèse lourd, jusqu’à 20 kg, ça me fait souffrir. Je montre ainsi que je souffre de ce qu’on nous impose d’utiliser sans lendemain: quand c’est en panne, on ne sait rien en faire et c’est un déchet."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais Precy ne pense pas qu’à la provenance des matériaux qui servent à fabriquer nos machines et aux déchets. " L’homme est transformé par la technologie. Notre manière de faire, de penser, d’être, notre vitesse ont changé. Le téléphone habite avec nous, il prend presque la même place qu’un humain. Il était là pour nous rapprocher mais je trouve qu’il crée de la distance. Et puis, l’homme utilise les machines tout le temps. Mais pour cela, il a besoin d’électricité. Et le jour où il n’y aura plus d’électricité, comment on va s’en sortir? "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec ses superhéros, Precy en pose, des questions! On se rend compte que les réponses ne sont pas simples. Mais les questions s’imposent malgré tout!