Le Nicaragua, le plus grand pays d’Amérique centrale, est secoué par une grave crise depuis le 18 avril 2018 qui a entraîné la mort d’au moins 328 personnes. En cause? La contestation du pouvoir présidentiel exercé par Daniel Ortega, à la tête du pays depuis 2007. C’est donc la 4e fois que l’homme est élu président!

De très nombreuses personnes dans le pays et dans la communauté internationale réclamaient le départ du président, accusé de brider (freiner, supprimer) les libertés et de confisquer le pouvoir. L’élection de dimanche marquant sa réélection avec 75% des voix selon des résultats partiels, n’arrange en rien cette situation compliquée…

Ses opposants accusent le président nicaraguayen d’avoir mis en place, avec sa femme, vice-présidente depuis 2017, une dictature dans le pays. Des centaines de manifestants sont emprisonnés et plus de 100 000 Nicaraguayens ont fui le pays d’après les organisations de défense des droits humains.

Des candidats potentiels «éliminés»

Mais ce n’est pas le seul reproche qui est fait à Daniel Ortega. Aujourd’hui, la communauté internationale et une grande partie de la population considèrent que cette réélection n’a aucune légitimité (elle n’est pas juste).

En effet, il y a un an, le Parlement (là où on fait les lois) dominé par le parti de Daniel Ortega, a adopté plusieurs lois qui ont fait polémique. Notamment, une loi qui empêchait certaines personnes de l’opposition de se présenter comme candidats à la présidentielle car ne correspondant pas à certains critères.

Une vague d’arrestations d’opposants politiques a également eu lieu. Cristina Chamorro, principale concurrente du président actuel a, par exemple, été arrêtée, accusée d’avoir blanchi de l’argent (dissimulé d’où vient l’argent parce que gagné de manière illégale pour le réutiliser dans des activités légales).

Et ce n’est pas la seule dans le cas! Trois autres candidats potentiels ont, eux aussi, été arrêtés, accusés par le président d’avoir été payés par les États-Unis pour mener un coup d’État (prise de pouvoir par la force). D’autres encore ont été arrêtés pour divers motifs… Conclusion: il ne restait pas grand monde pour cette nouvelle élection qui s’est déroulée dimanche.

Une élection contestée

Au vu des résultats et de la réélection du président Ortega, de nombreux pays ont exprimé leur incompréhension et leur colère. Ils ne sont pas d’accord avec cette réélection jugée injuste et antidémocratique. C’est le cas des États-Unis et de leur président Joe Biden qui a même qualifié le scrutin de « comédie » et a appelé les autres pays du monde à faire de même.

L’Union européenne a quant à elle dénoncé un régime « autocratique » (dans lequel un seul individu détient le pouvoir) tandis que l’Espagne a affirmé rejeter les résultats de ces élections qu’elle considère comme étant « une farce ».

La Russie, par contre, considère que ces élections se sont déroulées correctement, dans le respect de la loi, et a condamné l’attitude des États-Unis face au Nicaragua. C’est aussi le cas du Venezuela (pays d’Amérique du Sud) qui par l’intermédiaire de son président Nicolas Maduro a félicité le gagnant sans même attendre les résultats définitifs