En une semaine à peine, plusieurs fusillades ont éclaté aux États-Unis: deux dans un même campus universitaire en Louisiane, une autre durant un match de football américain d’une école secondaire en Alabama. Au total, des dizaines de personnes ont été blessées et deux sont mortes. Le 6 octobre, on déplorait encore une fusillade dans un lycée du Texas, à la suite d’une bagarre entre élèves.

Malheureusement, ce type d’événement est devenu monnaie courante dans le pays. Et comme chaque fois, ces drames relancent l’éternel débat sur le port d’armes à feu, autorisé aux États-Unis. En effet, nombreux sont ceux qui se posent la question: éviterait-on certaines fusillades en interdisant le port d’armes ou en tout cas, en le contrôlant davantage? Sans y répondre, il apparaît toutefois compliqué d’envisager une telle chose aux États-Unis. Pourquoi?

Un 2e amendement auquel les Américains tiennent

Aux États-Unis, le droit au port d’armes est inscrit dans la Constitution américaine (ensemble des lois qui disent comment est organisé le pays et quels sont les droits des citoyens). Il s’agit du deuxième amendement, juste derrière celui qui protège la liberté d’expression, la liberté de religion, la liberté de presse, ainsi que le droit de se réunir et de pétition. Les Américains tiennent à ce droit… Un adulte sur trois déclare détenir une arme. Il y aurait actuellement quelque 400 millions d’armes en circulation et en 2020, les ventes d’armes ont atteint des records.

Remettre en question le port d’armes aux États-Unis est donc très difficile. D’autant plus, que depuis les années 1990, la Cour suprême (le tribunal le plus puissant du pays) considère que le port d’armes est un droit individuel et que l’on ne peut l’interdire. Ce droit est également défendu par l’association de défense du port d’armes américaine (la NRA, National rifle association) qui est très puissante, très riche et compte environ 4 millions de membres.

Selon plusieurs associations qui luttent contre le port d’armes aux États-Unis, les réformes (changements) au niveau de la loi sont impossibles (ou presque) à cause des liens qui unissent la NRA au monde politique. En effet, la NRA dépense des millions d’euros pour les campagnes (période durant laquelle les candidats aux élections font leur publicité, lors de l’élection présidentielle par exemple) de certains hommes politiques.

De graves conséquences mais…

Malgré les chiffres très inquiétants qui sont régulièrement publiés, il semble donc bien compliqué que les choses changent. Et ce, même si une majorité d’Américains se dit aujourd’hui favorable à un meilleur contrôle du marché des armes, notamment par la vérification des antécédents judiciaires (les crimes qu’ils ont commis par le passé) des acheteurs, et le délai d’attente avant l’achat d’une arme. Cela existe d’ailleurs déjà dans qui existe déjà dans certains États.

Lors de ses mandats (durée d’élection d’un homme politique), le président Barack Obama avait fait plusieurs propositions pour un meilleur contrôle des armes mais le Congrès américain ne l’a jamais soutenu et un président ne peut pas décider seul…

Joe Biden, le nouveau président des États-Unis a, lui aussi, promis lors de sa campagne de faire de la régulation des armes à feu une priorité dès le premier jour de son mandat, mais pour l’instant, aucun changement à l’horizon.

Pourtant, rien qu’en 2021, 35 636 personnes ont perdu la vie dans des incidents impliquant des armes à feu selon l’association Gun Violence Archive (ce chiffre comprend aussi les suicides). Depuis le début de l’année, il y a déjà eu 570 fusillades de masse (lorsque 4 personnes au moins sont touchées par balles).

Mais la NRA continue de se battre pour préserver ce droit car selon elle, le port d’armes peut être un moyen de mettre un terme aux tueries de masse… Si la personne qui s’en sert est une «bonne personne». Ce que contestent les chiffres! Entre 2000 et 2018, sur 277 fusillades analysées par le FBI et le centre ALERRT, seules six d’entre elles ont été interrompues par un citoyen portant une arme.