Pascal Ghiette travaille pour la Région wallonne. Il est chargé de suivre l’évolution des espèces protégées. Il est donc souvent sur le terrain pour observer, compter, observer… Le 25 juin, il se trouvait dans les Hautes Fagnes (est de la Belgique) pour faire un comptage des oiseaux en nidification. Soudain, il a observé, un peu plus loin, un couple de loups: Akéla et Maxima. Trois louveteaux ont ensuite fait leur apparition! Pascal Ghiette a tout de suite fait une photo.

Qui sont ces loups?

Le mâle, qu’on a appelé Akéla, est en Wallonie, dans les Hautes Fagnes, depuis trois ans. Maxima, elle, a été repérée la première fois le 11 décembre dernier. Depuis, ils sont en couple. Les deux loups sont venus du nord-ouest de l’Allemagne.

Leurs louveteaux sont nés il y a un mois maximum. La meute vit dans une tanière sans doute proche de l’endroit où ils ont été observés, car à cet âge, les louveteaux ne s’éloignent guère.

Y a-t-il d’autres loups en Belgique?

Il y a une autre meute dans le Limbourg. Sinon, on sait qu’une quinzaine de loups ont déjà traversé la Wallonie à la recherche d’un territoire, sans y rester. Même observation en Flandre.

Comment sait-on tout cela?

Un peu partout en Belgique, mais aussi dans les pays voisins, des scientifiques font des analyses de traces ADN découvertes dans la nature. Ils peuvent trouver ces traces ADN dans la salive laissée sur des dépouilles d’animaux, dans des excréments (crottes) ou même sur des poils accrochés à des barbelés. Faire une analyse génétique de ces traces ADN permet d’identifier l’espèce mais aussi l’individu. On peut ainsi déterminer si c’est un loup ou un chien qui a attaqué un mouton, mais aussi quel loup est passé à quel endroit, par exemple. C’est aussi grâce aux analyses ADN qu’on connaît le père et la mère de Maxima.

On a également des informations grâce à des observations directes, comme cette rencontre fortuite (par hasard) avec Pascal Ghiette vendredi dernier.

Enfin, des caméras et des pièges photographiques sont installés à plusieurs endroits pour tenter de prendre des images des loups. Ainsi, Akéla et Maxima ont été vus ensemble le 25 mai. On sait donc que les jeunes sont nés après cette date.

Qui surveille les loups ainsi?

En Wallonie, un Réseau Loup a été mis en place pour faire le suivi du retour du loup chez nous. Une trentaine de personnes en font partie: des agents forestiers et du personnel de la Région wallonne, mais aussi des membres d’organisations de protection de la nature, des chasseurs, des éleveurs… Un Réseau Loup existe également en Région flamande.

Pourquoi une telle surveillance?

Le loup avait disparu d’une grande partie de l’Europe car il avait été chassé par les hommes. L’Union européenne a adopté des règles pour protéger et sauver cet animal. Il est, par exemple, interdit de tuer un loup. Et chaque pays doit prendre des mesures pour que le retour éventuel du loup sur son sol se passe au mieux. C’est ce qui explique la mise en place des réseaux loups dans notre pays.

Le loup est-il dangereux?

Le loup consomme principalement de la faune sauvage: chevreuils, sangliers, cerfs… Parfois, il s’en prend à des moutons ou à des animaux d’élevage. Dans ce cas, l’éleveur reçoit une indemnisation (de l’argent pour compenser la perte). Jusqu’à présent, c’est arrivé pour un veau et une trentaine de moutons. En général, ce sont les loups de passage qui ont commis ces attaques.

Pour protéger ses troupeaux, les éleveurs peuvent obtenir en prêt, de la part de la Région, du matériel (grillages, par exemple).

Puis-je me promener sans danger?

Se promener en forêt se fait en suivant des règles, qui existent pour protéger la nature: on doit rester sur les chemins et tenir son chien en laisse, par exemple. Les mouvements de jeunesse, notamment les lutins et les louveteaux (!), peuvent jouer dans les forêts. Des autorisations existent pour eux.

Et les loups, alors ? «L’humain ne figure pas au menu du loup, répond Alain Licoppe, du Réseau Loup, après nous avoir donné toutes ces informations. Les loups sont craintifs vis-à-vis de l’homme. S’ils en voient un, ils vont sans doute regarder, puis partir en trottinant. Observer un loup est donc excessivement rare. Si vous en voyez un, vous pouvez essayer de le photographier et nous envoyer la photo via notre site reseauloup.be!»