Depuis sa naissance, Evan ne voit que d’un œil… et cet œil voit très peu. Il apprend à se débrouiller dans la vie de tous les jours, mais les règles pour lutter contre le coronavirus lui posent parfois problème.

À l’école, par exemple, Evan doit mettre ses lunettes… et a le même souci que tous les porteurs de lunettes: «Quand je mets le masque, j’ai de la buée sur mes lunettes. J’ai trouvé un truc: je tourne les fils du masque pour le mettre autrement et j’ai moins de buée. Enfin, parfois, ça marche. Mais pas toujours.»

Evan trouve qu’il faut respecter les règles. Mais comment fait-il pour savoir s’il y a 1,5 m entre ses copains et lui, sans voir correctement? «On tend les bras. Bon, je galère un peu pour respecter les distances

Les distances et l’interdiction de toucher

En rue, Evan a parfois besoin d’aide pour éviter les arbres et les poteaux, ou franchir les bordures de trottoir. S’il faut respecter les distances, qui peut lui prendre le bras pour le guider? «Mes parents, puisqu’ils sont de ma famille.» Mais c’est difficile, à l’école ou au patro, par exemple, de ne toucher personne.

Le toucher, parlons-en. Souvent, les personnes qui ne voient pas ont besoin de toucher, de sentir. C’est le cas d’Evan. Or, en ce moment, on nous conseille de ne plus rien toucher, pour éviter les risques de contamination. Pour certaines personnes aveugles, c’est compliqué.

Les repères sont brouillés

Depuis un an, les repères habituels sont parfois brouillés. À certains endroits, il y a moins de circulation et ceux qui se repéraient au son des voitures sont un peu perdus. «Le son, c’est important, pour moi», confirme Evan.

Dans certains magasins, l’entrée, la sortie et le sens de circulation ont parfois été modifiés. Pour ceux qui ne voient pas et qui avaient mémorisé les lieux pour pouvoir circuler, c’est devenu compliqué. Evan, lui, se souvient des rayonnages fermés, à un moment: « Des rayons du magasin étaient fermés avec des rubans bleus et des grands plastiques sur les jouets. Je ne savais plus où j’étais, j’étais perdu

Mais la vie continue!

Par contre, heureusement, Evan communique avec ses copains en jouant à Fortnite (les sons l’aident à comprendre ce qui se passe à l’écran), ou via les réseaux sociaux. Il va au patro, promène son chien avec son beau-père et sa sœur, joue à des jeux de société… et fait de la trottinette! «Je galère un peu pour l’équilibre à vélo, mais à trottinette, ça va. Parfois, j’arrive à faire des petits sauts. C’est trop bien.» Mesures covid ou pas, la vie continue!

En savoir plus

Plusieurs associations aident les personnes malvoyantes ou aveugles. Evan, lui, est aidé par la Ligue Braille.

Du 12 au 25 avril, cette organisation sensibilise à la situation des personnes déficientes visuelles. Elle propose des témoignages, notamment vidéo. On peut entre autres voir Merel, 11 ans, qui se débrouille pour écrire en braille avec son smartphone.

http://semaineliguebraille.be.