Ce 12 juin, c’est la Journée mondiale contre le travail des enfants. On ne parle évidemment pas du travail scolaire, ni du coup de pouce à la vaisselle ou au jardinage…

Pour mieux comprendre, nous avons interrogé Deirdre Perquy, de l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance).

Qu’est-ce qu’on appelle «travail des enfants»?

Ce terme est souvent défini comme un travail qui prive les enfants de leur enfance. Il s’agit d’un travail qui est dangereux et nocif (qui nuit), qui peut compromettre (menacer) leur développement physique, mental et social, et les prive de la possibilité d’aller à l’école.

Dans les pays les moins avancés (où les populations sont très pauvres), un peu plus d’un enfant de 5 à 17 ans sur quatre est concerné. Ces enfants travaillent dans l’agriculture, la construction, les carrières et les mines, et les services domestiques (faire le ménage, les repas etc. chez quelqu’un). Souvent, ce travail est caché.

Comment expliquer qu’on fait travailler des enfants?

C’est le résultat de la pauvreté, du manque de travail décent pour les adultes et les adolescents (les enfants doivent travailler pour aider la famille à se nourrir). Les enfants qui migrent (quittent leur pays) sont nombreux à travailler pour se payer de quoi manger et continuer leur voyage. Des enfants travaillent dans des situations d’urgence (guerres, catastrophes… qui privent tout le monde de tout). Et enfin, c’est possible parce que la société accepte le travail des enfants.

Pourquoi ne pas supprimer ou interdire le travail des enfants?

Parfois, le travail d’un enfant est très important pour la survie de sa famille. Certains enfants n’ont même plus de famille qui peut s’occuper d’eux.

L’Unicef estime qu’il faut intervenir dans deux cas: quand le travail est dangereux et quand il empêche l’enfant d’aller à l’école.

Le nombre d’enfants obligés de travailler dans le monde a baissé de 2000 à 2016. Comment a-t-on fait?

64 millions de filles et 88 millions de garçons travaillent dans le monde, soit 1 enfant sur 10. Depuis 2000, les chiffres liés au travail des enfants ont fortement diminué. C’est une bonne chose.

L’Unicef estime que, pour être efficace dans la lutte contre le travail des enfants, il faut traiter simultanément les problèmes de la pauvreté et des inégalités, de l’accès à l’éducation et de la qualité de celle-ci. Il faut aussi le soutien de la population.

Les organisations craignent que le coronavirus fasse remonter le nombre d’enfants qui travaillent et augmente les heures de travail et le danger. Pourquoi?

Nous craignons que les enfants soient les grandes victimes de cette pandémie.

Le travail des enfants sera un mécanisme de survie important pour les ménages (familles) pauvres confrontés à des chocs liés à la pandémie du coronavirus. Si la pauvreté augmente, le nombre d’enfants obligés de travailler risque d’augmenter aussi. Des enfants seront forcés de travailler suite au décès de leurs parents à cause du covid-19. Les fermetures temporaires d’écoles peuvent entraîner des enfants dans le travail pour une longue période. Nous savons qu’il est peu probable que les enfants qui entrent dans le travail des enfants arrêtent de travailler si leur situation économique s’améliore.

2021 sera l’année internationale pour l’élimination du travail des enfants. Que va-t-on faire cette année-là?

Les Nations unies ont décidé de proclamer 2021 Année internationale de l’élimination du travail des enfants. Son objectif est d’inviter tout le monde à mener des actions pour faire prendre conscience de l’importance de l’éradication (élimination) du travail des enfants. En mettant à l’honneur les enfants, nous espérons que cette année internationale constituera une nouvelle étape vers un monde où aucun enfant ne sera exploité ou contraint de travailler.