En décembre 2018, une révolution éclatait au Soudan (pays d’Afrique). Les Soudanais étaient très en colère et descendaient alors chaque jour dans les rues. Ils protestaient contre la baisse du pouvoir d’achat qui les empêchait de manger à leur faim. Ils réclamaient le départ du dictateur Omar el-Béchir (président aux pleins pouvoirs, très autoritaire), à la tête du pays depuis presque 30 ans.

Quelques mois plus tard, le 11 avril 2019, Omar el-Béchir était finalement chassé du pouvoir par l’armée. S’en sont suivies de très vives tensions entre les militaires et la population soudanaise qui demandait que la présidence du pays revienne aux civils (non-militaires).

Nouveau gouvernement

Depuis septembre 2019, le Soudan est désormais constitué d’un gouvernement de transition (en attendant les élections de 2022) composé de membres de la société civile et de militaires. À sa tête, on retrouve le militaire Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan. Il sera remplacé comme président par un civil après 2021. C’est le Premier ministre Abdallah Hamdok qui a été chargé de former le gouvernement de transition. Ensemble, ils essaient de faire évoluer le pays et de relancer l’économie.

Une tradition dépassée

Au Soudan, comme dans de nombreux autres pays d’Afrique subsaharienne (situés plus bas que le Sahara), on pratique l’excision.

L’excision est une tradition ancestrale (très ancienne) qui consiste à couper tout ou une partie des organes sexuels féminins. Il s’agit, la plupart du temps, de la partie visible du clitoris (la petite boule au niveau du sexe, cachée derrière les lèvres et sensible au toucher).

Cette pratique était au départ considérée comme un rituel d’initiation et se faisait généralement au moment de la puberté (vers 12-13 ans), lorsque la petite fille devenait femme.

Mais l’excision se fait dans de nombreux pays, sur des filles plus jeunes, entre 4 et 12 ans. C’est une manière de montrer qu’on appartient à une communauté (groupe de personnes) et il y a une grande pression sociale (si on ne le fait pas, on est rejeté par les autres). Pourtant, l’excision est complètement contraire aux droits des femmes et peut être mortelle!

Elle est extrêmement dangereuse dans tous les cas et a de graves conséquences physiques et mentales sur les filles qui la subissent. Selon l’ONU (Organisation chargée de défendre la paix dans le monde), 9 Soudanaises sur 10 ont subi une excision.

Les droits des femmes avancent enfin

Avec le nouveau gouvernement en place, la situation évolue cependant. Le Soudan devrait bientôt faire de l’excision un crime. C’est-à-dire que ceux qui participent à l’excision risqueront une peine de trois ans de prison et devront payer une amende. Cela devrait aussi concerner ceux qui ne participent pas directement à l’excision mais qui font pression sur la famille pour que cela soit fait.

Cette loi n’a pas encore été promulguée (acceptée et mise en place) mais déjà, les organisations des droits humains félicitent le Soudan pour cette avancée.

Une victoire à surveiller

Si cette loi est une excellente nouvelle pour les droits des femmes, le combat est loin d’être gagné pour autant. En Guinée, par exemple, comme on vous l’expliquait dans le dernier JDE, malgré la criminalisation (le fait de considérer comme un crime) des mariages forcés pour les filles de moins de 17 ans, plus de la moitié des jeunes filles sont mariées avant 18 ans. Il faut du temps pour que les mentalités évoluent et que ces traditions dépassées s’arrêtent définitivement. Il en sera certainement de même pour l’excision.

CARTE D’IDENTITE : LE SOUDAN

Superficie: 1 886 068 km2 (61 fois la Belgique)

Population: 41, 8 millions d’habitants

Capitale: Khartoum

Langues: arabe et anglais

Président: Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan