Les vaccins nous empêchent de développer certaines maladies. Ils limitent ainsi les épidémies (propagations rapides des maladies contagieuses à un grand nombre de personnes). Pourquoi? Réponse avec Jean Ruelle, virologue (scientifique qui étudie les virus) à l’UCLouvain.

Monsieur Ruelle, comment ça fonctionne, un vaccin?

Comme on le sait, notre système immunitaire a une mémoire des infections. Si on a déjà été exposé à un microbe, on va pouvoir réagir plus rapidement pour l’éliminer. Le vaccin mime l’infection pour stimuler notre immunité. Il provoque une infection mais ne cause pas la maladie.

Que contiennent les vaccins?

Certains contiennent des virus vivants «atténués» (moins puissants qu’à la normale). Mais on les utilise de moins en moins souvent. D’autres contiennent des microbes tout à fait inactivés. On les a «tués». Ces vaccins sont un peu moins efficaces. On doit les combiner à des adjuvants (substances qui augmentent la réaction immunitaire) et parfois les administrer (donner) en plusieurs doses. Les scientifiques continuent leurs recherches pour créer de nouveaux vaccins, toujours plus efficaces.

Y a-t-il des vaccins pour toutes les maladies?

Non. Chaque vaccin fonctionne uniquement pour un microbe spécifique (en particulier). Cela veut dire qu’il faudrait autant de vaccins qu’il y a de maladies. C’est impossible.

Comment choisit-on les maladies pour lesquelles on développe un vaccin?

On choisit celles qui causent le plus de mortalité (de morts) dans le monde. On a, par exemple, réussi à détruire le virus de la variole (qui était responsable de la mort de nombreux enfants) et presque détruit celui de la rougeole. Un que l’on n’arrive pas à battre, c’est le VIH, le virus qui cause le SIDA. Cette maladie s’attaque au système immunitaire et finit par laisser le corps sans défense.

Pourquoi n’arrive-t-on pas à détruire le VIH?

Parce que c’est un virus très changeant. Le temps que l’on développe quelque chose, le virus a muté.

La grippe mute, elle aussi. Pourtant, un nouveau vaccin est créé chaque année.

C’est le challenge, chaque année, d’arriver à s’adapter. On doit prédire quelle sorte de grippe circulera l’année prochaine. Les chercheurs suivent les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le vaccin actuel est dirigé contre quatre sortes de grippes différentes. On parle de «souches» différentes.

Les vaccins sont-ils obligatoires?

En Belgique, il n’y en a qu’un: celui contre la poliomyélite (maladie causant des paralysies). Cette maladie est presque éradiquée (a presque disparu). En Belgique, on n’a pas détecté de nouveaux cas depuis 1979. Mais tant qu’elle existe quelque part dans le monde, on continue de vacciner. Quand elle aura complètement disparu, on arrêtera.

On reçoit pourtant plus d’un vaccin quand on est petit.

Certains vaccins sont groupés dans une seule injection. Celui de la polio en contient six. D’autres sont grandement recommandés, particulièrement chez les enfants, car leur système immunitaire n’est pas encore mature (tout à fait développé) et les maladies sont plus dangereuses pour eux.

Il arrive que les vaccins soient critiqués…

Des fausses rumeurs circulent. On ne peut pas dire qu’il n’y a jamais eu de problèmes avec les vaccins. Mais ils sont extrêmement rares. Lorsqu’on vaccine une personne, on l’empêche de tomber malade mais on protège également toutes les personnes qui l’entourent. La vaccination, c’est pour soi et pour les autres! Certains pensent que les vaccins sont dangereux. Ce qui est le plus dangereux, c’est de ne pas les faire.