Anne-Marie Baisipont va chaque semaine à Bruxelles, à la Ligue Braille, pour lire un livre face à un micro et l’enregistrer. Ces livres «audio» (sonores) peuvent ensuite être empruntés par des aveugles et malvoyants. La Ligue Braille compte environ 30 000 prêts par an. Anne-Marie fait partie des quelque 300 lecteurs bénévoles (qui offrent leur travail sans se faire payer) de l’association.

«Je voulais donner un peu de mon temps à d’autres personnes, explique-t-elle. Et je voulais être un trait d’union, à la fois entre le monde de la différence et le monde ordinaire, et entre l’auteur et le bénéficiaire (celui qui va écouter le livre).»

Dans une cabine, sorte de ministudio, elle s’assied, appuie sur un bouton, et commence à lire. Lorsqu’elle trébuche sur un mot, elle arrête l’enregistrement, recule et recommence. «Il ne faut pas ‘jouer’ le texte, mais j’essaie de ne pas avoir une lecture monotone (toujours sur le même ton, à la même vitesse, sans «vie»). S’il y a une chanson, je chante un peu..

La voix transmet des émotions

Anne-Marie fait attention à sa voix: «On fait passer des émotions par la voix. La personne peut sentir le suspense, la peur, la tristesse… Pour certains livres très attendus, ou pour les besoins urgents, des livres sont enregistrés avec une voix de synthèse (artificielle, d’ordinateur). Mais les bénéficiaires aiment moins cela, parce que l’émotion n’est pas très présente

Anne-Marie lit ainsi des romans, des documentaires, des livres pour petits avec des images… «En général, dans ce cas, je décris et commente plutôt l’ambiance des images, pas trop les détails. » Anne-Marie se souvient même avoir déjà lu et enregistré des articles du JDE!

Choisit-elle ce qu’elle va lire? «Quand j’arrive, je vais à la bibliothèque de la Ligue. Il y a des livres qui doivent être lus et je choisis dedans. J’essaie d’abord de prendre un livre qui va être demandé, et pas nécessairement un livre qui me plairait. J’avoue que j’évite certains livres avec des noms difficiles à prononcer… Ou alors, j’écris les noms phonétiquement (comme elle va les prononcer) pour les énoncer toujours de la même manière. Parfois, je découvre ici des auteurs que je vais lire chez moi, plus tard, pour le plaisir. Je trouve que les écrivains sont des gens extraordinaires! »

Qu’est-ce qui motive Anne-Marie à donner ainsi une demi-journée par semaine depuis douze ans? «Je me rends compte que je peux toujours être utile même si je suis pensionnée. J’ai beaucoup reçu et le moment est venu de donner à d’autres. Et puis, ça me donne beaucoup de plaisir de savoir que je vais donner du plaisir! »

En savoir plus

Les livres audio peuvent être téléchargés, ou envoyés par courrier sur un CD Daisy qui sera lu par un appareil Victor. Celui-ci permet de modifier la vitesse de lecture, la voix, de reprendre la lecture là où on l’a arrêtée…

Certains documents et livres sont écrits ou traduits en braille, une écriture en relief, faite de points.

Des personnes malvoyantes peuvent utiliser une sorte de grande loupe qui agrandit très fort les caractères (les lettres).

Il est aussi possible de faire lire le texte par une synthèse vocale (par l’ordinateur).