De 1988 à 2010, Aung San Suu Kyi s’est opposée sans violence à l’armée au pouvoir dans son pays, la Birmanie. Emprisonnée puis assignée à résidence (enfermée dans sa maison), elle était soutenue dans le monde entier et a reçu le prix Nobel de la paix.

Il y a une dizaine d’années, l’armée birmane a amené un peu de liberté et Aung San Suu Kyi, libérée, a rejoint le gouvernement. Les critiques pleuvent sur elle, surtout depuis les attaques contre le peuple rohingya en 2017 !

Tuer les Rohingyas?

En août 2017, des rebelles (opposants) rohingyas attaquent plusieurs postes de police birmans dans leur région, dans l’ouest de la Birmanie. Une douzaine de policiers perdent la vie. L’armée birmane répond avec une violence extrême. Des villages rohingyas sont incendiés. En deux semaines, un millier de personnes sont tuées. 740 000 Rohingyas fuient dans le pays voisin, le Bangladesh. Ils s’entassent dans un gigantesque camp de réfugiés, dans des conditions de vie terribles.

De nombreuses personnes demandent à Aung San Suu Kyi d’intervenir. Sans résultat.

Deux ans plus tard, les Rohingyas sont toujours au Bangladesh. Ils n’osent pas revenir en Birmanie car leur sécurité n’est pas garantie. L’hostilité du peuple birman, majoritairement bouddhiste, est grande envers les Rohingyas, musulmans. Les Rohingyas n’ont jamais eu aucun droit, pas même celui d’avoir une nationalité (ils sont apatrides, «sans pays»).

Devant des tribunaux

Beaucoup accusent l’armée birmane de génocide (tentative de faire disparaître un peuple). Or, vouloir exterminer un peuple, c’est attaquer l’humanité entière. Chaque citoyen du monde a le devoir moral de veiller à empêcher cela. Chacun peut aussi demander à la justice de son pays de juger des responsables d’un génocide ailleurs dans le monde.

Actuellement, trois actions en justice ont été lancées contre la Birmanie. En Argentine, des citoyens ont porté plainte contre les responsables militaires birmans et contre Aung San Suu Kyi.

La Cour pénale internationale, à La Haye (Pays-Bas), enquête elle aussi sur les généraux birmans qui seraient responsables d’éventuels crimes contre l’humanité. Ce tribunal international, qui réunit des juges de plusieurs pays, juge des personnes coupables de crimes contre l’humanité.

Enfin, du 10 au 12 décembre, Aung San Suu Kyi est allée à La Haye pour défendre son pays devant la Cour internationale de justice de l’ONU (Organisation des Nations unies, qui réunit presque tous les pays du monde). Là, c’est l’État qui doit s’expliquer. La Birmanie réfute (refuse) les accusations de génocide. Elle va devoir se justifier, s’expliquer et convaincre les juges et le monde…