Ce 12 janvier, cela fait 10 ans qu’un séisme (tremblement de terre) frappait l’île de Haïti, faisant 280 000 morts, 300 000 blessés et 1,3 million de sans-abri.

Les rues de Port-au-Prince, la capitale de Haïti, étaient en ruines après le séisme du 12 janvier 2010.

Au moment d’apprendre la terrible nouvelle, la famille Majois est profondément bouleversée: Guy et Marie étaient sur le point d’adopter (le fait de devenir les parents officiels d’un enfant lorsque celui-ci a été abandonné par ses vrais parents ou que ceux-ci sont morts) Clémentine-Rose, une petite Haïtienne. « L’orphelinat (lieu où grandissent les enfants sans parents) dans lequel habitait Clémentine était à 1 km à vol d’oiseau du palais présidentiel. Quand on a vu l’état dans lequel était le palais, on avait du mal à imaginer qu’il puisse rester quelque chose de l’orphelinat », avoue Guy Majois, le papa.

La famille devra attendre 24 h pour apprendre que la petite fille de 5 ans et demi avait survécu. Une partie de l’orphelinat s’était écroulée, dont les chambres des enfants, mais, heureusement, personne n’était au lit lors du séisme. «On était dans une pièce et Mamita (la personne qui s’occupait des enfants) nous racontait une histoire lorsque ça s’est passé. Je n’ai pas eu peur parce que je ne comprenais pas ce qui venait d’arriver, je me demandais pourquoi les autres criaient et pleuraient », se souvient Clémentine.

Censée arriver en Belgique pour Noël, l’adoption de Clémentine avait pris du retard… que le séisme n’a rien arrangé. La petite Haïtienne arrivera finalement fin janvier 2010, au grand soulagement de Guy et Marie. «À partir de là, on est allé de l’avant», confie Guy Majois. Aller de l’avant, oui, mais sans oublier le passé!

Haïti reste ancré en elle

Aujourd’hui âgée de 15 ans et demi, Clémentine reste très attachée à son pays natal (le pays où elle est née). La famille s’y est d’ailleurs rendue plusieurs fois et n’hésite pas à mettre la main à la pâte pour aider l’orphelinat, touché par le séisme de l’époque. «À chaque fois qu’on se rend en Haïti, Clémentine nous dit toujours «bienvenue chez moi». Sa vie est aussi là-bas! Elle donne beaucoup d’elle-même pour aider l’orphelinat. C’est très important pour elle de ne pas oublier d’où elle vient », confie Marie, la maman de Clémentine.

L’adolescente a également gardé contact avec ses amis de l’orphelinat. «Je suis contente d’avoir de leurs nouvelles. Ils sont comme mes frères et sœurs. J’essaie toujours de savoir comment ils vont car je sais que la vie n’est pas toujours facile pour eux», explique-t-elle.

Plus tard, je serai

Clémentine n’est encore qu’en quatrième secondaire mais sait déjà très bien ce qu’elle veut faire plus tard: avocate spécialisée dans le droit des enfants.

Marquée par son vécu (son histoire), l’adolescente souhaite aider les familles séparées. «J’ai la chance d’avoir été adoptée et d’avoir une famille. Certains enfants sont malheureux car ils sont séparés de leurs parents ou simplement parce que leurs parents sont divorcés. Je voudrais vraiment venir en aide à ces enfants, que ce soit ici ou en Haïti», déclare (dit) la jeune fille.

En attendant, Clémentine réfléchit déjà à comment se rendre utile lors de sa prochaine visite dans son pays natal.

Frères et sœurs de cœur… et de nom!

Clémentine-Rose et Sylvin sont très complices.

Lorsqu’elle vivait dans son orphelinat haïtien, Clémentine-Rose était très proche d’un petit garçon qu’elle considérait comme son frère. Les deux amis faisaient pratiquement tout ensemble.

La séparation fut dure pour Clémentine lors de son arrivée en Belgique. «On voulait offrir des jouets à Clémentine, mais elle ne voulait rien. Elle m’a demandé si j’avais de l’argent pour acheter un billet d’avion. Elle voulait aller chercher Toussaint, son inséparable de l’orphelinat», explique la maman.

Touchés par cette histoire, Guy et Marie Majois décident alors de réunir les deux amis. Ils lancent une procédure (une action) pour adopter le jeune Toussaint, qui prendra le nom de Sylvin une fois arrivé en Belgique.

«Dès qu’ils se sont retrouvés, c’était comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Ils avaient repris leurs habitudes comme s’échanger des objets ou des vêtements, par exemple», explique Marie Majois.

Aujourd’hui, les deux enfants ont bien grandi, mais leur complicité d’avant est toujours bien présente!