Philippe Dierickx est directeur de la gestion hydrologique (de l’eau) au Service public de Wallonie. Nous lui avons posé nos questions…

Quels cours d’eau surveille-t-on en Wallonie?

Tous les cours d’eau à risques d’inondation, comme l’Ourthe, l’Amblève, la Meuse, la Dendre, la Senne… On surveille aussi les petits cours d’eau en amont (ceux qui vont se jeter dans les grands cours d’eau). Enfin, on surveille également ceux pour qui il y a des besoins, pour la navigation, les industries, les captages d’eau à potabiliser (à rendre potable – bonne à boire) pour injecter dans le réseau de distribution (par robinet).

Que surveille-t-on et comment?

On a des centaines de capteurs qui mesurent le niveau de l’eau. On mesure aussi, avec d’autres instruments, le débit, qui montre le volume d’eau qui passe. Ça nous permet de savoir ce qui va arriver en aval (plus loin dans le cours d’eau). On mesure également la pluviométrie (quantité de pluie), les précipitations (pluies) qui vont ruisseler vers les cours d’eau.

Les cours d’eau ne sont alimentés que par la pluie?

Non. Ils sont aussi chargés par les nappes phréatiques, les eaux souterraines. C’est ce qui permet aux rivières de ne pas être à sec pour le moment!

C’est vraiment la sécheresse, même s’il a un peu plu ces derniers jours?

Oui. Le niveau d’eau est bas à peu près partout. C’est la troisième année consécutive (de suite) particulièrement sèche. Et ce n’est pas que l’été qui est sec, les autres saisons le sont aussi. On a une accumulation de manque d’eau. Il y a des endroits où on n’a jamais été aussi bas depuis qu’on enregistre les mesures, il y a environ 40 ans. C’est le cas de l’Amblève, près de Plopsa Coo, par exemple, ou l’Ourthe à Durbuy.

Quels problèmes cette sécheresse peut-elle poser?

On a plus de difficultés à gérer la navigation, l’utilisation pour l’eau potable, pour les industries… Et puis, ça a des effets sur la faune (animaux) et la flore (plantes).

Que faites-vous, alors?

On a des barrages-réservoirs où l’on peut relâcher de l’eau pour réalimenter certains cours d’eau. Mais ce n’est pas possible partout.

Ça vous inquiète? Que faire pour l’avenir?

Ce qui m’inquiète, c’est la répétition. Je pense que c’est un des effets du réchauffement climatique. La Wallonie a de la chance par rapport à d’autres pays mais on doit s’inquiéter et mieux gérer notre eau. Nous devons étudier les possibilités de réserves en eau complémentaires et mieux gérer nos ressources. Chacun doit économiser l’eau à tout moment… même quand ce n’est pas l’été!