De juin à septembre, c’est la saison de la mousson pour une grande partie de l’Asie du sud-est. Au Bangladesh, les fortes pluies de la mousson inondent plus d’un cinquième du territoire. Des millions de gens n’ont alors plus de maison ou se trouvent coupés des hôpitaux et toute une série de services. Pendant plusieurs mois, des milliers d’écoles doivent aussi fermer leurs portes parce qu’elles sont inaccessibles ou même détruites. Des centaines de milliers d’élèves sont alors privés d’école plusieurs mois.

Avec le temps, les inondations touchent une partie de plus en plus vaste du pays. Cela s’explique par des pluies plus abondantes mais aussi parce que le réchauffement climatique accélère la fonte des glaciers de l’Himalaya, au nord du pays, qui alimentent les cours d’eau. Il arrive, certaines années, que deux tiers du pays soient sous eau!

La population est tellement pauvre, et les terres habitables et non inondables sont tellement rares, que les Bengalis n’ont pas la possibilité de vivre ailleurs. Il faut donc s’adapter à ces inondations…

Des bateaux-écoles et des cours flottantes

Il y a 20 ans, un jeune architecte a eu une idée. Mohammed Rezwan a dessiné les plans d’un bateau-école. Son idée: puisque les enfants ne peuvent plus aller à l’école pendant les inondations, les écoles doivent aller jusqu’aux enfants! Bien sûr, il ne pouvait rien faire seul. Il a donc créé une association: la Shidhulai Swanirvar Sangstha. Depuis, son projet s’est bien développé.

Aujourd’hui, l’organisation possède 23 écoles flottantes qui accueillent 2070 élèves. Elle a aussi créé des bateaux qui servent d’espaces de jeux pour la récréation. Sur les toits, des panneaux solaires permettent de fabriquer de l’électricité pour l’éclairage, pour des ordinateurs connectés à Internet mais aussi pour recharger des lanternes solaires que les enfants peuvent emporter chez eux pour faire leurs devoirs et s’éclairer le soir… Beaucoup de gens, dans cette région, n’ont en effet pas d’électricité.

Les adultes aussi peuvent bénéficier des services de la Shidhulai Swanirvar Sangstha. L’association a des bateaux-bibliothèques qui permettent aux populations d’avoir accès à des livres. Les adultes peuvent y participer à un programme de formation multimédia sur les droits des femmes et des enfants, sur la nutrition, la santé, l’adaptation au changement climatique, l’environnement… Au cours de leur formation, ils comprennent pourquoi l’eau est polluée, ils apprennent à cultiver de manière plus propre, découvrent d’autres techniques agricoles…

Six bateaux ont aussi été aménagés en cliniques et d’autres servent au transport. Au total, Shidhulai Swanirvar Sangstha fait circuler 57 bateaux qui rendent service à 122 000 personnes par an!

L’idée a fait ses preuves et s’est même répandue dans d’autres pays comme le Cambodge, le Nigéria, les Philippines, le Vietnam, la Zambie…