En votant, les électeurs choisissent des idées, expriment des préférences sur les directions que les dirigeants doivent prendre dans leurs futures décisions. Ce lundi 27 mai, on se retrouve face à un pays divisé. Il y a une première division entre les électeurs flamands et les électeurs francophones, qui ont exprimé des idées opposées.

Qui a gagné?

Presque la moitié des Flamands ont voté pour un parti politique qui a des idées nationalistes (ils veulent avant tout défendre la Flandre et le peuple flamand). C’est le cas de la N-VA, qui a reçu le plus grand nombre de voix (de votes). Au Parlement fédéral (national, du pays), la N-VA aura 25 députés. C’est le parti le plus fort mais il a perdu des voix et a 8 députés en moins. C’est aussi le cas du Vlaams Belang, un parti d’extrême droite, qui a des idées racistes et extrémistes. Le Vlaams Belang a obtenu 18 sièges (places) de députés au lieu de 3 au Parlement fédéral. Du côté des francophones, deux partis ont progressé de façon impressionnante: Ecolo et le PTB. Les Ecolos auront 13 députés au Parlement fédéral, soit 7 de plus qu’entre 2014 et 2019. Le PTB, lui, aura 12 députés au lieu de 2. Les partis qui ont gagné plus de voix (votes) qu’eux, mais qui en ont perdu par rapport aux dernières élections, sont le PS, qui a 20 députés fédéraux au lieu de 23, et le MR avec 14 députés au lieu de 20.

Qui va avoir le pouvoir?

Maintenant qu’on sait exactement combien de députés chaque parti peut envoyer au Parlement fédéral, les partis vont commencer à se rencontrer et certains essayeront de se mettre d’accord sur un programme commun. En effet, pour qu’un Parlement puisse prendre des décisions et adopter des lois, il faut que plus de la moitié des députés qui le composent votent «oui » à la loi. Il faut donc assembler plusieurs partis dans ce qu’on appelle une coalition, qui aura la majorité (plus de la moitié) des sièges au Parlement. C’est cette majorité qui aura le pouvoir et qui pourra choisir, en son sein, des ministres pour former le gouvernement.

Le roi Philippe va rencontrer les présidents de partis. Il devrait ensuite nommer un informateur, qui discutera avec les partis pour tenter de dégager des pistes des majorités possibles. Une fois ce travail effectué, le roi devrait nommer un formateur qui sera chargé de former une majorité et un gouvernement. Parfois, quand la situation est trop compliquée et qu’on n’arrive pas à mettre plusieurs partis d’accord, le processus s’allonge et d’autres étapes s’ajoutent. Ça risque d’être le cas cette année, car il faudra assembler de nombreux partis qui ont des idées très opposées. De plus, le résultat des votes en Flandre complique les choses.

La N-VA, premier parti flamand, refuse de gouverner avec les Ecolos et le PTB, ceux qui ont le plus progressé côté francophone. Deuxième difficulté majeure: le fait que le Vlaams Belang soit le deuxième parti de Flandre. Tous les partis, sauf la N-VA, affirment qu’ils refusent de gouverner avec le Belang parce que c’est un parti d’extrême-droite. C’est ce qu’on appelle le cordon sanitaire: l’idée est de mettre un cordon, une barrière, entre ce parti et les autres, pour préserver la santé de la démocratie (le fait que chaque individu peut exprimer ses idées librement, sans être surveillé, menacé ou enfermé, et qu’il peut choisir ses dirigeants régulièrement et librement). Pour constituer une majorité sans le Vlaams Belang, il faudra associer de nombreux partis qui ont moins de voix… Lesquels? C’est un fameux casse-tête!

Ces discussions pour former une majorité vont se produire au niveau fédéral mais aussi pour chaque Parlement régional (pour les Parlements flamand, wallon, bruxellois et germanophone).