Éléonore Compère, étudiante à Bruxelles, raconte: «C’est Fanny et Manuela qui ont eu l’idée. Elles essayaient de vivre en produisant le moins de déchets possible. Elles remarquaient que les gens trouvaient ça bien mais qu’ils ne changeaient rien à leur comportement. Alors, on a pensé amener l’écologie aux gens, sans les obliger à changer leurs habitudes. ».

Première idée: éliminer les pailles en plastique. Ces pailles ne sont pas nécessaires, mais beaucoup de gens en réclament dans les cafés et restaurants. On les jette après une seule utilisation et, accumulées, elles gonflent la montagne de déchets qui ne sont pas recyclés (transformés). Des déchets en plastique qui finissent dans les océans…

Des pailles en inox

Il y a un an, Fanny, Manuela, Betty, Éléonore et Harold demandent aux responsables de cinq cafés et restaurants bruxellois de tester des pailles en inox (métal qui ne rouille pas). Après plusieurs mois de test concluant (positif), ils décident de se lancer!

Depuis mars, ils vendent leurs pailles gravées au nom de leur projet: WAW ("what about waste?" «qu’en est-il des déchets?»).

Éléonore nous les présente: «On a quatre modèles déclinés en doré et en argenté: une grosse, une petite, une courbée et une toute petite. Une trentaine d’établissements ont déjà signé un partenariat avec nous, principalement à Bruxelles, mais aussi dans d’autres villes belges ou étrangères. Les gens qui nous achètent nos pailles doivent s’engager à ne plus employer de pailles jetables en plastique. Et ça marche. Beaucoup de gens nous contactent même de l’étranger pour introduire le projet dans leur pays. On ne s’attendait pas à avoir autant de demandes!»

Les pailles en inox sont solides: les établissements qui en ont reçu en octobre 2017 continuent à les utiliser tous les jours et elles sont intactes. «Au pire, si un jour elles ne sont plus utilisables, on pourra les refondre. Donc, ça ne fait pas de déchet

Une nouvelle habitude

Hanna, patronne du Phare du Kanaal à Molenbeek, a commandé des pailles WAW en mars dernier: «Ici, on a une logique écoresponsable (qui respecte l’écologie, la nature, la planète, l’air, l’eau…). On voulait donc se débarrasser des pailles. Mais certains clients en réclament, ils aiment bien. J’ai donc contacté WAW. Je leur ai acheté une cinquantaine de pailles de deux formats. »

Les clients réagissent plutôt bien: «On a des clients qui connaissent le projet et qui sont contents. Certains sont étonnés, ils regardent la paille et la sortent du verre sans l’utiliser. D’autres testent, posent des questions… et aiment bien. »

Reste la question de l’hygiène. Comment nettoie-t-on ces pailles? Hanna: «Dans le lave-vaisselle. Et en fin de journée, on les laisse tremper dans du vinaigre puis on frotte avec une petite brosse dedans. Ce n’est pas du tout embêtant.» Éléonore précise quand même que si on a bu un smoothie ou un milkshake, il vaut mieux rincer sa paille tout de suite après utilisation, pour ne pas que ça colle à l’intérieur… Mais rien d’insurmontable.

Bientôt obligatoire?

Les étudiants de WAW ne se limitent pas aux cafés et restaurants. Ils ont rencontré la ministre de l’Environnement de la Région de Bruxelles-Capitale et des responsables à l’Union européenne, pour les convaincre de faire interdire les pailles jetables. Des projets d’interdiction sont d’ailleurs en préparation aux Parlements bruxellois et wallon.

WAW négocie aussi avec un producteur belge qui devrait bientôt fabriquer leurs pailles en inox, pour ne plus devoir les faire venir de Chine. «On pourra peut-être alors les vendre aux particuliers (aux personnes). Moi, par exemple, je prends ma paille en inox quand je vais à une soirée.» Mais Éléonore insiste: le but n’est pas de devenir un vendeur de pailles et de faire du business (des affaires). L’objectif, c’est de propager l’écologie, de faire réfléchir les gens sur leurs déchets et les amener à changer leurs habitudes.