Depuis qu’il est né, Romain Nekkebroeck accompagne régulièrement son papa au Chemin de fer à vapeur des trois vallées, à Mariembourg et à Treignes (sud de la province de Namur). Depuis un an, il y va même tous les week-ends.

Le Chemin de fer à vapeur des trois vallées permet de voyager en train à vapeur grâce à des passionnés bénévoles (qui travaillent sans se faire payer). C’est le cas de Didier, le papa de Romain: «Depuis dix ans, je restaure (répare) les vieilles locos et les wagons, et je roule. Je suis mécano et chauffeur.»

Le mécano conduit

Romain explique alors: «Le mécano conduit le train. Il a un modérateur,une sorte de manette, pour accélérer. Il envoie la vapeur dans les pistons qui vont en avant et en arrière. Il a un volant qui permet d’avancer ou reculer, il freine avec une pompe à air. Et il doit siffler avant chaque manœuvre.»

Romain s’interrompt pour nous montrer, sur une loco, les pistons, le dégraisseur, et un tas d’autres éléments de train auxquels on ne connaît rien… Il nous parle des locomotives qui roulent ici: l’AD05 et la SA01, deux locos belges des années 1930 et 1940. Et puis la TKT4887 et la TKH, deux polonaises des années 1950. «Il y a la BR50, mais on doit réparer la chaudière. La BR64 pourrait rouler si on remettait les tubes. Pour la NA, on attend la chaudière qui doit venir d’Allemagne…»

Le chauffeur… chauffe!

Mais revenons-en aux personnes qui font rouler un train à vapeur! Le mécano ne suffit pas.

Romain reprend: «Il faut le chauffeur, celui qui chauffe la loco. Il met du charbon dans le foyer et regarde le manomètre qui mesure la pression. Avec la TKT, par exemple, il faut 10-11 bars de pression. Il doit remettre du charbon dans le foyer pour maintenir la bonne pression. Sur le trajet de 30 km qu’on fait ici, il doit mettre 900 kg de charbon… plus les 300 kg pour chauffer le train avant de partir!»

Romain montre aussi un grand tuyau qui monte et descend, près de la voie: «Le chauffeur met aussi de l’eau (l’eau s’évapore grâce à la chaleur du charbon qui brûle, et la vapeur produite fait avancer le train). Il doit surveiller le niveau d’eau. La TKT a un réservoir de 10 000 litres. C’est de l’eau de la rivière.»

Et le manœuvre?

«En plus du mécano et du chauffeur, il y a le manœuvre. Il accroche la loco aux wagons, il change les aiguillages (croisements de rails), il fait des essais de freins et il garde les PN (passages à niveau)… Aux passages à niveau, sur cette ligne, il n’y a pas de barrières sauf à Olloy. Donc, on arrête le train avant la route. Le manœuvre descend de la loco et arrête la circulation. Le train peut alors repartir. Sur le trajet, il y a cinq passages à niveau à garder. »

Et Romain, que fait-il? «J’aide à préparer les machines avant le voyage. On met du bois avec le charbon dans la loco. Puis, on le fait brûler. C’est dangereux, mais j’y arrive parce qu’il y a un souffleur qui aide à ne pas avoir de retour de flammes. Et je fais attention, et papa est avec moi

«J’aide aussi à faire les travaux sur les machines: je ponce, j’utilise le marteau à aiguilles, je gratte, je nettoie… mais toujours avec papa pour la sécurité! L’autre jour, je suis entré dans une soute à eau pour boucher un trou parce qu’il y avait une fuite. Aucun adulte ne pouvait entrer dedans. C’était déjà tout juste pour moi! »

On ne demande pas à Romain s’il conduira un train à vapeur plus tard. La réponse semble évidente! Est-il aussi fan de trains modernes, de TGV…? Pas trop, visiblement… Et le musée Trainworld, à Schaerbeek (Bruxelles)? Il a aimé mais…: « Les locos sont emmurées, enfermées. Je trouve ça dommage. On ne pourra plus jamais les sortir et les faire rouler! Or, si on faisait une grande usine, on pourrait les réparer. Surtout l’Éléphant, la première loco vapeur en Belgique. J’y tiens. »

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