Des trains à l’arrêt, supprimés, des voyageurs mécontents, des cheminots (travailleurs des chemins de fer) inquiets… la France semble bien secouée par un mouvement de grogne!

Les syndicats (ceux qui défendent les droits des travailleurs) l’avaient annoncé: à partir du 3 avril, ils ont programmé une grève de deux jours tous les cinq jours jusqu’à la fin juin, soit 36 jours de débrayage (grève) au total. Le but? Faire reculer le gouvernement qui a décidé de gros changements pour la SNCF (Société nationale des chemins de fer français).

Une grève bien suivie

La grève a donc démarré cette semaine, créant une solide pagaille dans les trains, empruntés chaque jour par 4,5 millions de voyageurs. En fait, la grève a été suivie par un cheminot sur trois et près de huit conducteurs sur dix! Seul un TGV (train à grande vitesse) sur huit et un train régional sur cinq ont circulé.

Le trafic international a été un peu plus épargné, avec trois Eurostars (vers l’Angleterre) sur quatre et une circulation quasi normale sur les Thalys (vers la Belgique).

Pourquoi cette situation?

La SNCF, créée il y a 80 ans, est endettée, elle doit rembourser 47 milliards d’euros. Cet argent a été emprunté au fil du temps, notamment pour créer tout le vaste réseau TGV. Quelle solution trouver pour régler cette dette? Le gouvernement veut transformer la SNCF, espérant ainsi à la fois régler (en partie) ses problèmes d’argent et préparer cette entreprise à ce qui l’attend en 2020. En effet, dans deux ans, il y aura ce que l’on appelle la libéralisation du rail. Cela veut dire que, dans tous les pays de l’Union européenne, différentes compagnies pourront rouler sur les mêmes rails. Il y aura donc de la concurrence (rivalité dans les prix, les offres de voyages,…). Or, selon le gouvernement français, la SNCF est 30% plus chère que ses voisines européennes. Il veut donc abandonner les lignes non rentables (les trajets qui coûtent trop cher) et réduire les salaires. Or, les cheminots ont un statut (horaire et salaire) particulier. Ainsi, ils ont une sécurité d’emploi (ne peuvent pas être licenciés, renvoyés) qui se «paie» par des horaires décalés, la garantie (pour les conducteurs de train) de seulement 12 week-ends libres par an,… Le gouvernement veut que, dorénavant, les nouveaux engagés ne bénéficient plus de cette sécurité, en étant traités comme des travailleurs ordinaires.

La grève est destinée à faire pression pour que le gouvernement abandonne ce plan. En attendant, pour les voyageurs, c’est parfois un casse-tête pour savoir si un train circule ou pas. Et anticiper (prévoir) n’est pas si facile, car toutes les informations concernant la circulation des trains ne sont disponibles que la veille vers 17 h. Les navetteurs s’organisent via le covoiturage, le télétravail ou en prenant le bus.