Ses vidéos fascinent. Dans un style très sobre, ses danseurs habillés en noir bougent leurs bras et créent des vagues, des engrenages, des mots, des dessins, des lignes courbes ou brisées… Les mouvements s’enchaînent. C’est hypnotique.
Sadeck Berrabah, vous venez avec votre spectacle à Bruxelles. Vous serez 46 sur scène. Vous avez tous la même taille, pour que les alignements soient parfaits?
Pas du tout. Il a fallu composer avec les tailles différentes. Quand je fais construire mon mur de danseurs, je mets les plus petits au premier rang, les moyens au deuxième, les plus grands derrière…

Vous parlez de votre danse avec les mots « géométrie variable ».
Oui. C’est une danse qui mélange les mathématiques et le dessin. On dessine avec son corps.
Comment parvenir à un tel résultat ?
C’est comme si on était au milieu d’un Rubik’s Cube, avec des lignes, des points, des carrés. Et je joue avec ça. Il faut comprendre son propre Rubik’s Cube et se coordonner avec les autres.


Les danseurs se calent sur la musique ?
Oui et non. Ils comptent du début à la fin du spectacle. Un jour, on a eu un problème technique. Sur un des tableaux, la musique s’est coupée. Mes danseurs ont continué, en comptant à haute voix. C’était tellement fluide que les spectateurs ont pensé que c’était fait exprès, ils trouvaient ça génial.
Ce genre de chorégraphie est possible avec combien de danseurs ?
Le maximum que j’ai fait dans un show, c’était avec environ 1900 participants : 700 danseurs, près de 1000 mannequins et environ 300 musiciens.

C’est à la portée de n’importe qui, même des enfants ?
Je suis très content parce que, dans la salle, je vois toutes les générations, donc aussi des enfants. Et comme je fais participer le public, ils s’y mettent aussi. Sans problème. En fait, j’ai déjà enseigné des cours de maths, de géométrie, avec mon corps. C’est trop intéressant de faire comprendre la beauté des corps, des lignes, avec des formes géométriques et le corps.
Vous étiez fort en géométrie, à l’école ?
Non ! À l’école, c’était un peu une catastrophe. Je ne pouvais pas me concentrer 8 heures assis sur une chaise. Mais j’étais fan de dessin et ça m’a beaucoup aidé.
Vous avez aussi été maçon. En fait, vous construisez vos chorégraphies comme un mur : les mouvements doivent bien s’imbriquer.
Oui, je construis mes chorégraphies en dessins comme un mur. En maçonnerie et en plomberie, c’est la même chose. Ce sont des métiers artisanaux. Il faut voir le mur, l’imaginer, suivre le plan, y aller au fur et à mesure avec un certain savoir-faire, avec précision et rigueur.

Pourquoi votre show s’appelle-t-il « Murmuration »?
C’est un mot international pour évoquer un nuage d’oiseaux. J’ai toujours été fasciné par la nature, par ce qui nous entoure, comme le monde est construit, comment nous, on est construits…
Vous écrivez des mots dans vos chorés. Vous voulez porter un message ?
Oui, c’est très clair. On est tous des êtres humains. On est tous différents, mais quand on se connecte, on peut créer des choses magnifiques. Pour moi, un avant-bras ou une jambe, c’est comme une ligne d’un dessin. Donc, plus on ajoute de gens, de danseurs et plus on peut écrire et dessiner des choses.

Murmuration : au Cirque Royal (Bruxelles) ce 9 décembre 2023. En 2024 : 1er octobre à Gand, 2 octobre à Anvers, 3 octobre au Forum de Liège, 21 et 22 décembre à l’ING Arena de Bruxelles.