Anima, le festival international du film d’animation aura lieu du 17 au 26 février à Bruxelles. Des films d’animation seront aussi projetés en Wallonie et en Flandre. Carotte sera projeté, pendant le congé de carnaval, le jeudi 2 mars à 14 h au cinéma la Sauvenière (Liège).

Mais si tu veux le découvrir, le voici:

Julia, 10 ans:  » j’aime ce film Carotte car il est drôle ! »

C’est durant un stage, organisé par Caméra-etc, que Julia a réalisé avec d’autres enfants le film Carotte.

« Je suis contente car il y a de l’humour et on a tous pu donner notre idée ! Ce n’est pas la première fois que je fais un stage à Camera-etc. Cette fois, on a utilisé un nouveau style. Si on voulait bouger la main d’un personnage, on décalquait tout le reste du corps, on bougeait un peu la main et on décalquait à nouveau le reste du corps et ainsi de suite. Finalement, la main bouge ! Et chaque fois, à chaque dessin, on prend une photo. Vous verrez dans le making of que nous avons fait beaucoup de dessins ! »

« C’est gai de pouvoir aussi faire des films rien qu’à nous, les enfants »

« Nous avons donné le nom d’Achille au lapin, explique Julia, car c’est le prénom d’un enfant inscrit au stage mais qui n’est jamais venu. On a beaucoup rigolé durant cette semaine et soigné les couleurs de notre film. On a travaillé avec de l’aquarelle pour peindre le vert et l’orange. On a aussi pu créer des films rien qu’à nous, avec nos personnages. On pouvait faire comme on voulait et ça évite de faire toujours la même chose. C’est ça qui me pousse à refaire des stages chaque fois. Je trouve que Carotte est réussi. « 

Camera-etc permet aux enfants de réaliser un film en cinq jours

« C’est un défi de réussir à réaliser un film en si peu de temps, explique Mathieu Labaye, qui a coordonné le stage. Avec Simon Médard, l’autre animateur, on s’est souvenu de ces dessins qui deviennent des histoires. Vous savez, ces dessins que l’on réalise enfant et auxquels on ajoute tellement de détails que cela finit par faire une histoire que l’on peut raconter et compléter en direct si un adulte vient nous demander ce que l’on fait. Ça nous plaisait de remettre les enfants dans cette dynamique. »

Mais avec quelle technique travaille-t-on chez Camera-etc ?

« Chez Caméra etc, 90% des films fabriqués avec les enfants sont faits avec la technique du papier découpé animé. Les enfants fabriquent un personnage qui est une sorte de pantin articulé. Il est ensuite déposé sur une surface et animé image par image en le déplaçant. Avec Simon, nous avons eu envie de revenir à du dessin, c’est-à-dire du dessin animé, qui n’est qu’une des techniques d’animation parmi des dizaines d’autres. Avec la technique du dessin animé, il s’agit bien de dessiner le personnage sur chaque papier. Quand on a fini un premier dessin, il faut recommencer le suivant en le redessinant. On obtient un rendu tout à fait différent.  On obtient cette vibration que nous aimons beaucoup, ce trait vivant. »

Comment sont nées les idées que l’on retrouve dans Carotte?  

« Le premier jour, on a proposé aux enfants d’inventer collectivement un personnage. On a obtenu ce personnage que l’on voit au début du film : le lapin. Et puis on a dit aux enfants : imaginez qu’une personne vous demande d’expliquer ce que vous dessinez. C’est d’ailleurs la première phrase que l’on entend dans le film : qu’est-ce que tu fais, qu’est-ce que tu dessines ? Les enfants sont partis dans tous les sens à propos de ce lapin : quelle pourrait être sa maison ? Ses hobbys ? Sa ville ? Le véhicule qu’il utilise ? Ses amis ? Simon et moi avons ensuite proposé aux enfants un enchaînement de tout cela. Après discussion, nous avons démarré la fabrication. »

C’est un travail d’équipe en continu

‘Dans le film, on voit que les dessins varient puisque chaque enfant a pris en charge un, deux, trois plans en fonction de sa motivation. C’est une technique qui exige une longue concentration. L’enfant doit rester penché longtemps sur sa feuille et doit avoir la patience pour arriver au bout du mouvement. Souvent, il y a 7, 8 ou 10 dessins à réaliser pour, par exemple, faire bouger la main du personnage. Mais en attendant, tout le reste du personnage, il faut le redessiner tel quel. C’est un travail d’équipe. C’était comme un studio, où il y avait ceux qui dessinaient, ceux qui peignaient. Il y a deux couleurs dans le film : le vert et l’orange (comme la carotte). »

On entend différentes voix dans la bande son 

« Au bout de la semaine, on a fait un enregistrement dans une cabine. Chaque enfant a parlé. Dans le film, la voix qui raconte est donc celle de tous les enfants. Après le stage, on a fait le montage et les enfants ont reçu par mail leur film deux ou trois semaines plus tard. Je pense qu’après un tel stage, les enfants sont plus attentifs à toutes les images animées qui les entourent. »

La durée du film est-elle décidée dès le départ ?

« Non, la durée va dépendre du nombre d’idées des enfants. Mais on a pris soin de travailler avec des boucles animées, c’est-à-dire des animations qui peuvent se répéter. Et on travaille sur un faux fixe, c’est-à-dire un moment du film où le personnage ne bouge pas mais où le trait vibre quand même. Les enfants redessinent donc deux ou trois fois la même image. Cela permet de ne pas avoir une image inerte (sans mouvement) ou gelée. Elle continue à être mouvement et donc cela fait avancer le film. Sans cela, on se serait retrouvé dans une difficulté majeure de faire du mouvement pour accompagner toutes les idées des enfants et ça, cela aurait pris beaucoup plus de temps que cinq jours. »

Les enfants peuvent-ils manipuler du matériel ?

« Oh oui ! Le programme de captation d’images est finalement assez simple donc les enfants le comprennent vite et deviennent autonomes. Et pendant que l’on fait le film « officiel », le film qui sera le résultat du stage, il y a aussi une caméra qui est branchée pour faire des expérimentations libres. Cela leur fait du bien aussi. Quand ils ont besoin de sortir de la concentration liée à la fabrication du film, ils vont sur une autre caméra. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent et ils s’en donnent à cœur joie ! Ils font de l’animation sans queue ni tête, ils se marrent comme des fous. »

Carotte sera projeté dans le cadre du festival Anima. Est-ce exceptionnel qu’un film réalisé par des enfants se retrouve là ?

« C’est régulièrement le cas. Camera etc. envoie les films un peu partout et les sélections et les prix sont fréquents. Parfois, c’est dans des festivals de films faits par des enfants. Mais on a déjà réussi à sélectionner un film fait par des enfants en cinq jours (lors d’un stage) au Festival international du film d’animation d’Annecy ! Cela semble incroyable aux gens du métier. Parfois, les films faits par les enfants peuvent avoir une spontanéité qui dépasse, en plaisir de vision, des films plus structurés. Je trouve que c’est intéressant de mettre tous les films sur un même pied et de voir quelles émotions ils procurent. «