Quand ton parcours musical a-t-il commencé?

J’ai commencé à chanter quand j’avais 11-12 ans. J’aimais beaucoup les séries comme Camp rock, Hannah Montana, Glee… Des séries qui tournaient autour du chant, des comédies musicales… C’est ces stars avec qui j’ai grandi – Miley Cyrus, Demi Levato, Selena Gomez – qui m’ont donné l’envie de faire pareil. Et c’est comme ça que j’ai commencé à chanter.

Où et comment as-tu commencé à chanter ?

Dans ma salle de bains et dans ma chambre. Quand j’étais sous la douche, comme il y avait le bruit de l’eau, je pensais que personne ne m’entendait et je chantais très fort. Et un jour, ma maman m’a dit : « Tu sais, en fait, on t’entend très fort. Et tu chantes très bien. » Puis elle m’a demandé de chanter pour elle. Donc, mes premiers petits concerts, c’était dans le salon, avec ma maman qui m’écoutait chanter. Pendant une heure ou deux, elle me demandait: « Chante-moi ci, chante-moi ça« . J’ai commencé à y prendre goût. Je chantais sur la table et je criais: « Allez, venez à mon concert ! » C’était trop marrant.

Et puis, tu as gagné The Voice Kids en 2014, tu as été finaliste à The Voice France en 2021…

Après The Voice Kids, j’ai commencé à me dire que j’avais peut-être vraiment du talent. Et c’est là qu’a commencé le rêve, l’ambition, que ça devienne un métier.

Tu as suivi des cours de musique?

Oui, du solfège et de la guitare. Mais j’ai pas du tout aimé. En fait, c’est pas de la musique cool, pop et sympa, c’est trop classique et au bout de quatre ans, j’ai arrêté. Maintenant, avec le recul, ça m’aurait servi et je vais devoir recommencer, à 23 ans ! Donc, je dirais aux enfants qui font du solfège et n’aiment pas ça: « Allez jusqu’au bout ! »

The Voice, des singles, les premières parties de la tournée de Vianney, ton premier album… Comment vis-tu cette période?

Il y a des jours où j’adore ce que je fais. Je me dis que je n’ai pas le droit de me plaindre ou d’être pas bien, parce qu’il y a tellement de personnes qui rêveraient d’être à ma place !

Et puis il y a des jours où c’est pas facile. Ce qu’on montre à la télé ou sur les réseaux, c’est strass et paillettes. Mais on va pas s’mentir, il y a aussi beaucoup de pression, on est toujours attendus, et moi-même, je me mets beaucoup de pression parce que je veux toujours bien chanter, bien m’exprimer, être présente aux rendez-vous… et parfois, c’est trop. Il y a des moments où je me dis que je ne vais pas y arriver parce que je suis trop fatiguée, surmenée, angoissée. Heureusement, je suis très bien entourée. Mais je dois apprendre à lâcher prise, à prendre confiance en moi, pour profiter de ce que je vis.

C’est un peu le sens de ta chanson « Le bruit du silence », non?

Oui, exactement. J’ai un problème avec ce que j’appelle la pensée toxique. Je suis tout le temps en train de réfléchir à ce que j’aurais pu faire mieux alors que c’est passé. Et en même temps, je suis toujours dans le coup d’après. Je stresse déjà pour demain, après-demain… Mais en fait, à quel moment je profite du moment présent? Je n’en profite pas, vu que je suis toujours en train de cogiter ! J’ai pris conscience que mes pensées pouvaient me pourrir petit à petit, et que je devais apprendre à éteindre, à vider ma tête de temps en temps. C’est ça, « le bruit du silence »: arrêter toutes ces petites voix dans ma tête.

Tu n’as pas écrit ce texte toi-même. Mais tu en as écrit d’autres !

Oui, ce titre-là, je l’ai initié en parlant de cela à Vincha, qui a su trouver les bons mots. Mais sur l’album, j’ai fait un peu de tout. J’ai écrit, co-écrit, co-composé les musiques… Au début, je me mettais vachement à l’arrière sur l’écriture, alors qu’en musique, j’avais tout le temps des idées de composition. Mais en écriture française, je ne me sentais pas de taille. J’avais l’impression que je n’avais pas une bonne plume. Puis à la moitié de l’album, on m’a encouragée à essayer d’écrire, même Vianney. Il me disait: « Essaie, apprends, écris même si c’est nul. Ne te censure pas comme ça… » Alors j’ai essayé et j’ai été très vite applaudie. Petit à petit, j’ai pris confiance et au final, j’ai écrit une bonne moitié des titres de mon album. Comme quoi, on se met des blocages dans sa tête mais une fois qu’on décide de le faire, ça marche !

Tu as coécrit « Balance », par exemple !

Oui. J’ai toujours su que je voulais parler de mes rapports très difficiles à mon poids, depuis toute petite. Mais je ne savais pas comment faire. Et puis j’ai eu l’idée de m’adresser à ma balance, comme si c’était une personne. Quand je dis: « Toi qui sais que je m’affame / Pour un chiffre à deux larmes / Qui n’est jamais comme il faut / D’en bas tu me regardes / Tu ris de moi, tu me nargues / C’est pas beau », je parle à ma balance, en fait. Je lui dis: « Toi, je te déteste ! » Et Ça fait du bien. J’ai eu, à une époque, trois balances ! Ces chiffres, ce poids, cette question d’image de moi, ça me polluait. Je pouvais même m’affamer !

Tu as aussi coécrit « Attendez-moi ». Tu y évoques nos rythmes de vie trop élevés. On est trop speedés?

Tout le monde est pressé, tout va vite, fastfood, sur Internet aussi, on zappe très vite, on consomme vite et puis on passe à autre chose. Et c’est dommage parce qu’on n’est pas posé, on ne prend pas le temps de profiter des choses simples. Et ça fait peur, aussi, de voir la vitesse à laquelle tout évolue. L’idée de ce morceau, c’est de parler de ce sujet sur une musique un peu fun.

Pour ta musique, tu as travaillé avec des gros producteurs anglais.

Oui! J’avais des références d’artistes dont je suis fan, comme Adele, Ed Sheeran, Sia… Et j’ai travaillé, à Londres, avec des producteurs qui ont bossé pour Adele et pour Sia. C’est fou parce que j’ai travaillé avec des personnes qui ont travaillé pour mes idoles, mes chanteuses préférées ! C’est comme ça que je suis revenue avec Prends-moi la tête qui a des connotations très pop, un peu à la Olivia Rodrigo, que j’adore. Ou avec la folie dans la musique d’Attendez-moi. Les Anglais, ils ont pas peur, ils en rajoutent: trompettes, fanfares… Et puis Premier janvier, qui est plus posé, à la Adele.

Dans « Exceptionnel », tu vantes les plaisirs simples et une vie banale?

Je trouve que je suis banale et c’est superbien. Ma soirée idéale, c’est dans mon canapé, devant la télé, avec mon chocolat chaud. J’ai toujours préféré ça à sortir au resto, aller boire un verre… J’aime ça de temps en temps, mais à petite dose. Dans Exceptionnel, je dis que tu es vraiment heureux quand tu arrives à aimer les petites choses simples. Je dis toujours: « Il m’en faut peu pour être heureuse. »

Mentissa sera en concert le 13 avril 2023 à La Madeleine à Bruxelles