C’est le 15 janvier 1622, à Paris, que le petit Jean-Baptiste Poquelin voit le jour. Son père est valet de chambre tapissier du roi. C’est un rôle important: il est près du roi à son réveil, fait son lit avec les valets, s’occupe de ses meubles et des lieux de séjour de la cour… Chaque fois que le roi et sa famille se déplacent, il est responsable du transport des meubles. Avec les calèches et les charrettes de l’époque, ça ne devait pas être simple! Ce rôle se transmet de père en fils et Molière, plus tard, l’exercera aussi, tout en écrivant, mettant en scène et jouant des spectacles.
Les débuts compliqués
Mais revenons au petit Jean-Baptiste. Il grandit à Paris et, lorsqu’il a 20 ans, il rencontre une famille de comédiens: les Béjart. Alors que le rôle de valet de chambre tapissier lui est promis, le jeune Jean-Baptiste rêve de théâtre. Pourtant, ce n’est pas vraiment une vie bien considérée. L’Église catholique, qui joue alors un rôle très important dans la société, excommunie (exclut) régulièrement des comédiens. Pour beaucoup, c’est terrible: on ne peut pas se marier, baptiser ses enfants ni être enterré dans un cimetière! Les troupes de théâtre sont donc rares. À Paris, il en existe trois. Jean-Baptiste, les Béjart et quelques autres amis décident d’en créer une quatrième, la troupe de l’Illustre Théâtre. Jean-Baptiste Poquelin change de nom et se fait appeler Molière.
Mais les débuts sont difficiles et l’argent manque. En 1645, Molière se retrouve même en prison, quelques jours, parce qu’il n’arrive pas à rembourser ses dettes!
Molière quitte Paris. Avec d’autres comédiens, dont les Béjart, il va jouer en province. Pendant douze ans, sa troupe se trouve des « protecteurs », des seigneurs riches qui les paient, les soutiennent, les recommandent. Molière commence à écrire des farces et des courtes pièces amusantes.
Pour le roi
En 1658, Molière et ses amis reviennent à Paris. Le frère du roi, Philippe d’Orléans aussi appelé « Monsieur », devient leur protecteur. Le 24 octobre, la troupe joue devant Monsieur, le roi Louis XIV (14) et la cour. Elle présente Nicodème, une pièce d’un auteur connu qui vivait à cette époque, Pierre Corneille. Puis elle joue une courte comédie écrite par Molière, Le Docteur amoureux. Et là, le public éclate de rire. Le roi est séduit: Molière devient comédien-auteur et amuseur de la cour.
Molière est donc engagé par le roi pour écrire et créer des spectacles. Il essaie de jouer des tragédies, mais elles ne plaisent pas. Ce sont les comédies qui ont du succès.
Pendant quinze ans, Molière écrit des pièces, les met en scène et joue presque toujours le rôle principal. Il crée des comédies-ballets avec le célèbre compositeur de musique du palais, Jean-Baptiste Lully. Rien n’est trop grand pour plaire au Roi-Soleil: décors, danseurs, musiciens, costumes, machines… Molière fait même jouer le roi en personne pour un spectacle en 1664!
Se moquer et dénoncer
Molière prend pourtant des risques. Dans ses pièces, il dépeint les comportements d’une partie de son entourage. Il se moque des responsables religieux, des gens riches et puissants, et même de la monarchie (le roi et sa famille). Il remet en cause l’ordre établi. Et cela lui attire des ennuis. Certains spectacles sont interdits. Il se fait des ennemis qui le critiquent ouvertement. Des jaloux l’attaquent.
Le 17 février 1673, Molière joue Le Malade imaginaire. Il meurt d’une maladie des poumons quelques heures après le spectacle. Il ne se doute pas alors que, près de 400 ans plus tard, les comédiens joueront encore ses pièces. Il ne peut pas imaginer les télévisions et les cinémas, qui présenteront ses œuvres sous forme de films. Si on lui avait annoncé tout cela, il aurait certainement cru à une énorme farce…
En savoir plus
Quelques œuvres très connues de Molière parmi les 36 qu’on lui connaît :
Les Précieuses ridicules
Le Bourgeois gentilhomme
Les Femmes savantes
Le Misanthrope
L’Avare
Les Fourberies de Scapin
Tartuffe
Le Malade imaginaire
Quiz
On dit que le français est la langue de Molière, l’allemand la langue de Goethe, le néerlandais la langue de Vondel et l’anglais la langue de Shakespeare. Selon toi, quel est le point commun entre ces hommes?
1. Ils ont tous vécu au 17e siècle (les années 1600).
2. Ils étaient bavards.
3. Ils étaient dramaturges (le fait d’écrire des pièces de théâtre).
Bonne réponse: 3. Ils étaient au moins dramaturges. Certains étaient aussi poètes, ou romanciers, ou comédiens…mais tous ont écrit des pièces de théâtre.
