Le projet Molengeek a été lancé en 2015 par Ibrahim et Julie. Le premier a grandi à Molenbeek. Il a quitté l’école tout jeune, car l’enseignement ne lui convenait pas. Pourtant, il était convaincu que les jeunes pouvaient apprendre, mais autrement. C’est une des idées de base du projet Molengeek… Un projet que nous découvrons en compagnie de Sara.

Apprendre ensemble

À Molengeek, des personnes suivent des formations. Par exemple, apprendre le codage (comment créer des programmes informatiques). Ce ne sont pas des cours, avec un professeur qui explique et des élèves qui écoutent… Les inscrits, qui sont 15 à la fois, pratiquent, réalisent, testent, apprennent à chercher et trouver les informations, à les comprendre et à les appliquer. «Ça ne sert à rien de leur apprendre à utiliser un programme qui aura peut-être changé dans six mois, explique Sara. Tout change tellement vite dans ce secteur, qu’ils doivent pouvoir s’adapter à chaque évolution technologique

Les élèves sont invités à collaborer, échanger des découvertes, des conseils… «Ici, les jeunes qui ont arrêté l’école peuvent entrer et se sentir à l’aise. Il y en a qui croyaient, après leurs échecs scolaires, qu’ils ne pouvaient pas apprendre ce genre de choses. Et puis ici, ils osent y penser, essayer, puisqu’ils apprennent ensemble, avec des coachs plutôt que des profs.»

La formation s’organise en quatre mois d’apprentissage et deux mois de stage. Elle rencontre un énorme succès.

En plus de cette codingschool (école de programmation), Molengeek met sur pied des formations en informatique et technologie, pour utiliser des programmes comme photoshop, wordpress, illustrator… L’objectif est d’aider les jeunes à trouver un emploi grâce à ces connaissances. Les formations sont d’ailleurs payées par Bruxelles-formation (qui aide les chômeurs à se former pour augmenter leurs chances de trouver du travail).

Travailler ensemble

En plus de ces formations, Molengeek propose des espaces de coworking (travailler ensemble). Ce sont des lieux de travail pour des travailleurs qui n’ont pas de bureau dans une entreprise, des indépendants (travailleurs qui sont leurs propres patrons), des chômeurs (chercheurs d’emploi) qui veulent créer une activité..

Une centaine de travailleurs viennent ainsi tous les jours avec leur ordinateur, s’installent et travaillent côte à côte. «Ils ne paient pas pour occuper l’espace, même pas pour leurs cafés, explique Sara. Mais en échange, ils rendent des services. Par exemple, si une personne a une idée de projet, elle peut organiser une réunion et les coworkers vont écouter, réagir, donner des conseils, des idées, des avis. Les coworkers peuvent aussi donner des coups de pouce lors d’événements. Ils sont invités à s’entraider…»

Des rencontres et du dynamisme

À Molengeek, les espaces sont ouverts, favorisant les rencontres. Tout le monde mange ensemble, dans une ambiance détendue: élèves, entrepreneurs, responsables de Molengeek… Les murs-tableaux permettent d’écrire des idées et d’effacer, ce qui dynamise. Des dessins et tags égaient le lieu. Un espace détente avec des poufs colorés offre une possibilité de repos.

Des start-up (jeunes entreprises) sont encouragées et soutenues. Une «factory» (fabrique) répond à des demandes de partenaires qui veulent qu’on leur crée des applis, des sites Internet…

Même les 12-17 ans sont touchés. Des stages de codage sont organisés pour eux en été. Des journées «innogeeks», pour le premier cycle du secondaire, sont centrées sur les objets connectés, la programmation, les imprimantes 3D… «Notre volonté est vraiment que tout soit accessible à tous et ouvert

Molengeek a démarré tout petit, avec des soutiens de personnes qui croyaient au projet. En trois ans, il a bien grandi, touche des centaines de personnes, a permis de créer 17 emplois, et a même le soutien de Google, Samsung… Molengeek a même lancé un projet identique à Padoue, en Italie, et en prépare au Maroc, aux Pays-Bas… Un beau succès!