La Belgique va-t-elle adopter une loi anti-fessée ? C’est le sujet « sous la loupe » du JDE de ce 7 septembre. Nous t’y renvoyons donc pour l’explication globale et pour comprendre ce que l’on entend précisément par « violences éducatives ».

Sache quand même que la Belgique est l’un des derniers pays européens à ne pas encore être doté d’une loi sur les violences éducatives (gifles, fessées…). 

L’association DEI (Défense des Enfants International) somme (invite impérativement) l’État belge d’agir. Celui-ci doit démontrer sa volonté d’adopter une loi d’ici le 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant, sinon DEI saisira la justice.

Mais qu’en pensent des enfants ?

Nous avons posé la question à 46 élèves de 5e année de l’école libre de Saint-Symphorien (Mons). Les enfants expliquent les punitions qu’ils reçoivent:

« Moi, on me punit dans ma chambre »

« On m’interdit d’écran durant une semaine »

« Quand j’étais petite, c’était une claque aux fesses. Et maintenant, je suis privée de jeu sur la tablette durant une semaine ou alors je dois vider le lave-vaisselle durant deux semaines »

« Je suis privée de télévision »

« Une fois, on m’a privé de manger le soir durant deux jours »

« On me met dans ma chambre et j’ai des claques »

« On me tire l’oreille et on me met dans ma chambre »

« Mon père me donne des gifles sur la joue »

« Je dois aller au coin »

« Aux scouts, on doit rester durant dix minutes comme si on était assis sur une chaise mais il n’y a pas de chaise »

« Mes parents crient très fort »

« Je suis privée de frites »

« J’ai dû courir quand je me trompais de réponse dans un devoir »

« On doit se faire à manger tous seuls durant deux jours »

« Je suis privé de jeux vidéo »

Quelles bêtises commettez-vous ?

Les enfants savent très bien décrire des bêtises qu’ils ont commises: une balle qui a cassé un vase ou une serre, un mensonge, la griffe faite à un autre enfant, l’oubli de refermer le congélateur,… Ils parlent aussi de ces moments où leurs disputes, devant un jeu vidéo ou pour choisir un programme à la télévision, énervent les parents.

« Parfois, c’est un peu de ma faute »

Les parents doivent aider les enfants à grandir, les protéger aussi. Fixer des limites est nécessaire. C’est l’apprentissage des règles. C’est nécessaire pour expliquer ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Certains élèves soulignent qu’ils réagissent aux limites qu’on leur met.

« Parfois aussi, je m’énerve sur maman, je tape des poings sur la table »

« Parfois je mets des interdits à mes parents. Je leur interdis de regarder dans un sac où j’ai mis quelque chose. C’est comme si je leur mettais des limites et ils n’aiment pas ça »

« Moi, quand je m’impose à mon papa, que je lui manque de respect, il se fâche »

Est-ce normal que les parents se fâchent?

Les élèves disent que c’est normal.

« Les parents le font car ils doivent nous remettre des limites. »

« L’enfant comprend qu’il doit se calmer »

Est-ce qu’à 10 ans, on a compris quelles limites on ne doit pas dépasser ?

Les élèves constatent qu’ils oublient des règles. Notamment celle du rangement de la chambre. Dans la discussion, certains en viennent à expliquer qu’ils ont dû réparer leur bêtise ou ont reçu des conseils

« J’avais dessiné sur le mur. Donc, j’ai dû le repeindre. »

« Ce qui est chouette, c’est que maman me donne de nouvelles astuces pour réussir à ranger ma chambre »

« Mon papa m’explique. Il me dit que lorsque je serai grand, j’aurai plus de plaisir de vivre dans une maison rangée que dans une maison en désordre »

Serait-ce intéressant qu’il y ait une loi?

« Oui, cela montrerait aux adultes que c’est interdit de frapper un enfant »

« Oui et non, car les adultes doivent nous sanctionner quand on a fait une bêtise mais ils doivent alors nous envoyer, par exemple, dans notre chambre pour dix minutes. Mais nous frapper, non ! »

« Oui et non, parce que parfois ils doivent quand même nous frapper un peu quand on exagère. Après, ils ne sauront plus rien faire. Parfois, il faut quand même qu’ils nous remettent à notre place »

« Si les parents exagèrent, ils doivent avoir une amende. »

Est-ce que les claques et les fessées aident les enfants à comprendre ?

Dans la première classe, 5 enfants sur 23 le pensent. Dans la seconde classe, c’est 9 sur 23.