Neil Harbisson est né avec une pathologie (maladie) rare de l’œil qui empêche de voir les couleurs. Né en Irlande, il a grandi en Espagne, où il a étudié la musique. Puis, à 16 ans, il a décidé de se consacrer à l’art pour éclaircir ce mystère des couleurs qu’il ne peut voir.

Sa rencontre avec Adam Montandon a tout changé. Car celui-ci a mis au point un logiciel qui transforme les couleurs en sons.

 

Le son et la lumière ont un lien ?

La lumière, comme le son, est aussi une onde, c’est-à-dire une vibration qui se propage. La différence, c’est que le son a besoin d’une matière, l’air, tandis que la lumière, elle, se propage dans le vide (c’est-à-dire dans l’espace).

Chaque couleur a une fréquence de vibration. Si l’on compare son et lumière, on pourrait dire que le rouge est dans le "grave" (basses fréquences) et le bleu dans "l’aigu" (les hautes fréquences).

 

Neil peut donc se servir de cette invention pour entendre les couleurs. Concrètement, il porte un casque, appelé Eyebord, qui capte les fréquences des couleurs et les transforme en vibrations. Ensuite, par conduction osseuse, ces vibrations arrivent jusqu’à son oreille interne.

La conduction osseuse ? C’est la technique découverte par le célèbre musicien Ludwig van Beethoven, qui souhaitait continuer à jouer de la musique alors qu’il commençait à devenir sourd. Il avait compris qu’il pouvait encore entendre en posant une baguette de bois sur le piano et en serrant l’autre extrémité entre ses dents pendant qu’il jouait pour ressentir les vibrations.

 

Son cerveau a appris les couleurs!

 

Neil Harbisson explique qu’au début, tout était chaotique. Quand il recevait une vibration, il ignorait à quelle couleur cela correspondait puisqu’il ne la voyait pas (il ne voit que du noir, du blanc ou du gris). Mais, au bout d’un certain temps, il dit que son cerveau s’y est habitué, qu’il a fini par être conditionné par cette association couleurs-sons.

Il réalise donc qu’il rêve en couleurs et que celles-ci ont bien été créées par son cerveau et non par l’antenne.

 

Il est devenu le premier cyborg reconnu !

 

Neil porte ce "casque" en permanence. Il s’est fait implanter à l’arrière de son crâne une puce électronique reliée à une antenne qui s’arrondit au-dessus de la tête et se termine par un capteur à fibre optique situé à proximité de ses yeux. Pour lui, ce système est devenu un prolongement de son corps. Les autorités britanniques l’ont autorisé à le garder pour sa photo officielle. Neil est donc devenu un cyborg (un être humain qui a reçu des greffes de parties mécaniques ou électroniques).

Avec son "troisième oeil", Neil possède des capacités de vision plus large qu’un autre humain puisqu’il est capable de percevoir les rayons ultraviolets (des rayons lumineux invisibles à l’œil nu), traduit par des sons aigus et les infrarouges correspondants à des sons extrêmement graves.

 

Et à présent, Neil veut tenter un essai d’un an avec un dispositif en forme de collier métallique destiné à percevoir physiquement le temps qui passe.

"Il y a un point de chaleur qui met 24h à tourner autour de mon cou et qui me permet de sentir la rotation de la planète", explique-t-il.

L’objectif? Que le cerveau s’adapte lentement à la sensation physique du temps qui passe, après quoi il devrait (pourrait?) être possible de manipuler cette perception.