La France s’est engagée dans un programme d’introduction d’ours venant de Slovénie. Car dans ce pays, les ours ressemblent beaucoup aux ours qui vivaient autrefois en France. Tout le monde n’est pas d’accord avec le retour des ours. Pour nombre d’éleveurs, ces ours sont devenus des bêtes noires qu’ils accusent de mille maux (notamment de tuer leurs moutons).

Quoi qu’il en soit, onze ours ont été introduits depuis 1995. Avec un nombre de portées record en 2020, la population a encore progressé: 70 ont été détectés l’an dernier ! Ces 70 ours bruns évoluent en liberté, sous la surveillance discrète d’experts.

Les défenseurs de la biodiversité sont ravis.

« On voit bien les marques de ses griffes », se réjouit Pierre-Luigi Lemaitre, coordinateur du réseau de suivi des ours pyrénéens, montrant un tronc d’arbre où l’un d’eux a marqué son territoire, à plus de 1 200 m d’altitude.

L’écorce de certains arbres a été enduite d’un goudron à base de bois de hêtre. L’ours en s’y frottant laisse des poils que l’on peut ensuite analyser. D’autres arbres sont aussi équipés d’un « piège-photo », afin de capter automatiquement des images des ours.

Le réseau Ours brun compte 450 observateurs, dont la moitié sont bénévoles (ils donnent de leur temps gratuitement). Cela permet un suivi précis de la population. Les experts échangent ces informations avec des experts espagnols, les ours se déplaçant sur plusieurs milliers de kilomètres carrés, dans les départements pyrénéens français, les régions espagnoles de Catalogne, Aragon et Navarre, ainsi que la principauté d’Andorre.

Que sait-on de ces ours?

L’ours brun est une espèce protégée en France. C’est un mammifère carnivore. A l’automne, donc actuellement, il se nourrit de faines (du hêtre), lorsqu’il fait des réserves avant l’hibernation (c’est une période de repos durant laquelle il peut quand même se réveiller). D’une manière générale, son régime est constitué à 75 à 80 % de végétaux (fruits secs et charnus, végétaux herbacés, tubercules) et 20 à 25 % d’aliments d’origine animale (ongulés sauvages ou domestiques, micromammifères, amphibiens, insectes et autres invertébrés). 

Dans les Pyrénées, la dormance hivernale débute en novembre pour les femelles pleines (qui attendent un petit) et en décembre pour les mâles et se termine entre fin mars pour les mâles et fin avril pour les femelles suitées (qui ont un/des petit(s)).

Dans le sud de l’Europe, un mâle pèse en moyenne entre 80 et 230 kg, contre 70 à 170 kg pour une femelle. Le poids varie évidemment beaucoup en fonction de l’âge, du sexe, des saisons (à l’automne, l’ours grossit de près de 30 % par rapport à son poids habituel) et de l’alimentation. 

L’ours brun est un animal territorial et solitaire : les deux sexes ne se rencontrent qu’au moment du rut (désir de s’accoupler).

Cette présence des ours n’est cependant pas du goût de tous

Des éleveurs, chasseurs et élus locaux protestent régulièrement. Ils se plaignent de dégâts occasionnés par les ours sur les troupeaux. En 2021, selon l’OFB (le réseau Ours brun), l’ours a tué ou blessé 570 animaux, essentiellement des brebis. C’est moins que l’année précédente (636).

Quelle attitude adopter si on rencontre un ours ?

D’abord garder ses distances. Et si on se retrouve nez à nez… s’éloigner calmement, en évitant les gestes brusques qui pourraient être mal interprétés. L’ours a une ouïe et un odorat assez développés. En revanche, il a une vue médiocre. L’ours craint l’homme et fera tout pour l’éviter. Autrefois, l’ours brun était présent partout en France. Mais il a vu sa population diminuer au cours des siècles, du fait de persécutions et de la destruction de son habitat par l’activité humaine, au point qu’il a failli disparaître.

Sur cette vidéo, des ours bruns observés en Catalogne.