Existe-t-il vraiment une façon de disparaître d’Internet? «Non, répond Olivier Bogaert. On peut obtenir la suppression de certaines informations mais on n’a aucune garantie que celles-ci ne réapparaîtront pas. Nous intervenons lorsqu’une plainte est déposée par quelqu’un dont les données personnelles ont été piratées par un escroc, par exemple. On agit alors pour retrouver les traces qui permettent d’identifier cet auteur. On essaie aussi de déterminer les failles (faiblesses du système) qui ont été utilisées.»

Et si on est victime de harcèlement et que l’on dépose une plainte?

«Il existe actuellement une initiative qui porte le nom de Cyberhelp. Ce projet est porté par l’université de Mons avec l’appui de la ville de Mons et Bruno Humbeeck, un psychopédagogue (spécialiste de l’éducation des jeunes et de leur développement). Ils ont constaté que ce n’est pas facile pour les enfants victimes de harcèlement de savoir à qui en parler.

Cyberhelp est un vaste projet qui comprend aussi une appli. Elle se matérialise (concrétise) par une icône (image) qui apparaît sur l’écran de l’utilisateur. La personne qui reçoit un message insultant ou moqueur peut, grâce à l’application, appuyer sur cette image de l’appli et ainsi effectuer une capture d’écran. Celle-ci va pouvoir être envoyée par mail à l’école directement. Elle sera vue par les enseignants qui s’occupent de cette question du harcèlement. En septembre 2019, les écoles vont être invitées à y participer.»

Aujourd’hui, si je suis un enfant harcelé, que puis-je faire?

«C’est fondamental d’en parler à un adulte, de le signaler aussi à l’école. Si la justice doit intervenir, alors il faut se rendre au commissariat local avec un maximum de captures d’écran des contenus et aller expliquer que depuis des semaines, on est victime de harcèlement. La loi permet alors de déposer une plainte pour harcèlement. Le magistrat (juge) pourra alors demander des démarches pour que l’auteur soit identifié formellement et il pourra décider de sanctions.»

Mais cet enfant victime voudra sans doute qu’on supprime tout de suite les messages et photos qui ont été envoyés sur Internet. Que pouvez-vous faire?

«Cela ne dépend pas de la Computer Crime Unit. Cela dépend de la manière dont les opérateurs de Snapchat, Instagram, Facebook… vont juger le contenu que vous signalez. Diront-ils que ce contenu peut être supprimé car il est contraire à leurs conditions générales d’utilisation? Depuis mai 2018, il existe le RGPD (règlement général de protection des données), en Europe. C’est une aide. De plus, on commence à voir que ces opérateurs peuvent être sanctionnés. On a appris que bientôt Facebook permettra à ses utilisateurs de pouvoir supprimer eux-mêmes des contenus.»

Les webcams, faut-il s’en méfier?

«Je conseille de mettre en permanence un petit cache devant la webcam quand on ne l’utilise pas. Car il peut y avoir des applis, comme Skype par exemple, qui installent le droit d’utiliser la webcam. En pareil cas, des virus peuvent en profiter pour faire en sorte que la webcam soit active en permanence.»

www.ccb.belgium.be