Alix Degueldre et son père nous accueillent et nous proposent tout de suite un café. Alix, 27 ans, nous explique: «On a démarré en 2016. Dans notre camionnette, on a deux machines à laver et deux sèche-linge électriques. On se branche sur des bornes électriques et des bouches d’eau de la ville, avec les autorisations nécessaires, évidemment. Et on lave le linge des personnes qui viennent ici: des sans-abri ou des personnes à très bas revenus (qui ont très peu d’argent)».

Cette camionnette est donc une laverie mobile. Les six personnes qui ont lancé cette activité ont créé une association (groupe) qu’elles ont appelée Bulle asbl. Bulle pour le savon, bien sûr. Mais c’est aussi une douce et agréable bulle de bienveillance (générosité, solidarité, ouverture, attention à l’autre). Alix: «Pendant la lessive, on offre un café et on papote avec les personnes. La lessive est importante, mais le but, c’est aussi de créer du lien social. Ces personnes vivent à l’écart de la société. Les gens ne les regardent pas, ne les voient pas, ne leur parlent pas. Ici, on leur serre la main, on sait comment elles s’appellent, on papote avec elles. On finit par nouer une relation de confiance

Sacha, d’ailleurs, arrive tout sourire: «Je suis venu avec une copine, pour lui montrer, dit-il en nous serrant la main. Je viens toujours, même quand j’ai pas de lessive à faire. Parfois, je lave mes vêtements à la main. J’ai trouvé un robinet et un petit seau. Alors, je me débrouille. Ou alors, si j’ai fait une bonne manche (reçu assez d’argent en mendiant), je vais dans une laverie et je paie. Je vis dehors depuis quatre ans et demi, j’ai un matelas là-bas… Je viens de toute façon pour boire un café et parler. Les gens sont sympas, gentils. »

Un vrai besoin

La camionnette de Bulle s’installe et fonctionne quatre après-midi par semaine, de 14 à 18 h, grâce à huit bénévoles (qui donnent leur temps sans être payés). Elle se gare le lundi sur la place Flagey, le mercredi à la gare centrale et le vendredi à la gare du Midi. Les machines tournent tout le temps, avec des programmes de lessive plutôt courts (30-45 minutes). «Oui, ça répond à une vraie demande, confirme Alix. L’accès à l’hygiène, quand on vit à la rue, c’est difficile. Dans certains centres de jour, il y a des accès prévus mais, en général, sous certaines conditions, ou payants

Alix termine de faire sécher une couverture et remplit une nouvelle machine avec une boule de vêtements apportés par une dame. «Un petit café? Du sucre?»