Quand des élèves de l’école intégrée de Woluwe-Saint-Lambert ont lu la Déclaration universelle des droits de l’homme, ils n’ont trouvé aucun article qui les représentait. Ils ont donc créé un 31e article.

Leur enseignante, Antonella Palo, leur a proposé de réaliser un clip et d’écrire un rap.

«Tout ce que l’on ressentait chaque jour, les problèmes d’accessibilité quand on a un handicap, nous les avons mis dans le texte. Nous avons aussi pu exprimer nos souhaits. Cela nous a pris un an. »

Les élèves expliquent que c’est la musique qui les a aidés à écrire. Selon eux, le rythme sert de guide pour trouver les mots justes. Ils se sont débrouillés au niveau technique pour maîtriser la caméra de l’école et ils ont réalisé ensuite eux-mêmes le montage de la vidéo. Avant le tournage, ils ont visionné des clips et ont réfléchi aux cadrages (mises en place de l’image).

Le message sera-t-il entendu?

Les jeunes hésitent. Seront-ils entendus? C’est vrai qu’ils ont remporté le premier prix dans leur catégorie, au concours organisé par l’APNU (Association pour les Nations unies). Leur message va donc être bien diffusé. Et en plus, ils ont déjà rédigé ce 31e article qui est visible à la fin de leur clip. «Les dirigeants pourront remettre ça avec leurs mots. L’accès aux transports et aux loisirs (ce que les jeunes demandent dans leur 31e article), tout le monde en a besoin.Ce n’est pas seulement pour les personnes valides.»

Ils aimeraient aussi que l’on fasse attention aux aménagements adaptés dans les transports. Ensemble, avec leur enseignante, ils prennent régulièrement le bus, le métro ou le tram. «On ne demande pas l’avis des personnes non valides. Ce serait pourtant bien de le faire. Ce serait bien aussi qu’il y ait des décideurs qui soient des personnes non valides.»

Le rejet

Andy explique qu’il a déjà été refusé dans un bus. «Le chauffeur estimait qu’il y avait trop de monde dans le bus. Et que les personnes valides avaient plus de valeur qu’une personne invalide.»

Un autre explique être allé au cinéma mais il n’a pas pu voir le film souhaité car, seules, deux salles étaient accessibles en chaise roulante. «On doit donc choisir la salle et pas le film, ça ne va pas!»

L’an passé, la classe s’est déplacée à Bozar, aux Midis du Théâtre. «Ce sont des représentations destinées aux écoles. On nous avait dit que c’était adapté. Mais arrivés au milieu de la pièce, il n’y avait pas assez de place pour qu’on puisse faire pivoter nos chaises. Donc on n’a pas pu être face à la scène! On a dû nous porter pour nous asseoir sur des sièges dans la salle. Nos chaises roulantes gênaient le passage. Une personne nous a insultés.»

Ils insistent: quand ce n’est pas adapté, les gens expriment plus facilement du rejet. «Et même quand il y a une adaptation (un ascenseur, par exemple), les gens l’utilisent sans accepter que les personnes à mobilité réduite soient prioritaires. C’est un peu comme si nous avions un privilège. Mais en soi, ce n’est pas vrai, nous ne pouvons pas faire autrement.»

Une ville adaptée

La Déclaration des droits de l’homme est universelle. Y a-t-il quelque part sur Terre, un endroit où l’on a intégré ces adaptations?

«On va aller l’an prochain en voyage en Slovénie. On a vu que la capitale Ljubljana est adaptée presque à 100%. Ils ont même mis en place une sorte de course où les personnes qui n’ont pas de handicap s’installent sur une chaise roulante et sont poussées par quelqu’un. Ils utilisent donc le handicap dans la ville! Même les toilettes publiques sont adaptées. Nous allons filmer cette ville. En Suède, on sait qu’il existe une appli qui permet de réaliser en direct un trajet comme piéton mais aussi en tant que personne à mobilité réduite. L’avantage, c’est que ça dessine un trajet en temps réel, ça tient compte des travaux, par exemple. Ici, en Belgique, on doit tout le temps réfléchir, prévoir car peu de choses sont pensées en fonction de nous.»

Pour écouter ce rap:

www.lejde.be